mardi, octobre 16, 2018

Vénus rétrograde, les noeuds lunaires et la venia


L’astrologie déborderait-elle un peu des habituelles niaiseries de l’horoscopie industrielle? J’entends parler de la rétrogradation de Vénus par des gens pas forcément au courant de l’actualité astrale. Un ami me confiait il y a quelques jours se sentir « déprimé » et s’interrogeait sur le rôle de Vénus à ce sujet. La raison tangible en est que son amie s’est absentée quelques mois pour raisons professionnelles, lui faisant sentir le poids d’une certaine solitude affective. Le voici donc, comme des millions d’autres, sous le joug des préoccupations vénusiennes qui selon les circonstances vêtent nos quotidiens des joies ou des tracasseries sentimentales associées à l’amour : la dépendance, l’attachement, l’insécurité, la tristesse, le chagrin et cette sorte de vague à l’âme incompréhensible qui nous saisit quand Vénus maltraite nos affections. Elle est certes profondément bénéfique de nature, mais pourtant responsable de l’immensité des peines de coeur. Et si elle représente le désir d’aimer, elle nourrit tout autant celui d’être aimé, déclenchant ainsi la douleur cuisante de ne pas se sentir aimé. 

Pourtant et sans rien pouvoir y faire, nous aimons Vénus, non seulement inséparable de la beauté sous toutes ses formes, mais indispensable aux exaltations de l’âme, à la passion, à la joie de vivre, à l’amour vrai qui le temps d’un souffle, ou d’une absence de pensée, nous livre parfois à ces espaces infinis à l’intérieur du coeur. Vénus alors, soudainement débarrassée des sentiments superficiels, des envies, des jalousies et des recherches effrénées du plaisir, se fait grâce et beauté absolue. 


Conjonction du Soleil et de Vénus rétrograde en Scorpion le 26 octobre 2018 à 16h13 Paris.                                                                    

Vénus rétrograde en Scorpion : du 6 au 30 octobre 

On ne peut le nier, Vénus souffre en Scorpion, signe martien où elle se sent peu à l’aise, car trop pénétrant, trop en prise avec la substance, trop lié au corps et pas assez au coeur, elle qui aime avant tout la douceur, la caresse, la subtilité et la diplomatie. 

Affectivement tourmentée, jalouse ou envieuse, avide de plaisir, elle manque d’innocence, s’éloigne de son idéal de pureté et peine à s’aimer, alors que la pensée s’obsède quelquefois de sensualité. Le moi juge négativement son apparence, cette façade sociale sur laquelle elle règne toute puissante. La conscience collective et les individus connaissent la mésestime de soi, responsables de comportements autodestructeurs. L’on compense avec la séduction, le sexe peut-être, ne serait-ce que pour se prouver que l’on plaît, qu’on est digne d’être aimé(e), ou pour ne pas dormir seul et croit-on échapper à la solitude intrinsèque de l’âme. 

Dans un autre registre, car Vénus ne s’occupent pas que des amours humaines, le découragement nous saisit face à la laideur bétonnée, enfumée et bruyante de l’environnement moderne, face au massacre des animaux (1), à la disparition des abeilles et des oiseaux et autres catastrophes écologiques.

Selon les thèmes astraux et les circonstances particulières propres à chacun, Vénus rétrograde en Scorpion touche de fort prés à notre relationnel. Vivons-nous seuls ou en couple, sommes-nous jeunes ou plus expérimentés, songeons-nous à la séparation ou rêvons-nous de lier notre destinée à un autre moi, les cas de figure sont multiples et souvent inquiets, pénibles, préoccupés, nous forçant ainsi à saisir combien le relationnel est central à nos existences.

Une Vénus en Scorpion n’est cependant pas sans qualité : elle nous enseigne à mourir et renaitre à soi-même en faisant table rase des émotions figées, de la quête de la sécurité affective, des sentiments captifs du passé ou liés à l’anticipation de gratifications à venir. Elle se fait profonde, philosophique, méditative et même réaliste, sachant alors faire la part de la peur, de l’illusion, de la sécurité, du désir et de l’amour. L’amour nous confie Vénus, n’existe ni dans la pensée ni dans la mémoire, il se vit au présent, dans l’intensité du moment éternel. 

Vénus en Balance : rétrograde jusqu’au 16 novembre, Vénus transite la Balance du 31 octobre au 2 décembre

Même rétrograde (jusqu’au 16 novembre), Vénus en Balance montre une couleur moins tourmentée. Elle se ressource chez elle, s’imbibe de beauté, d’art et de romantisme. Les coeurs vont mieux et les relations s’adoucissent. Mais dépassée par le Soleil sur le sentier zodiacal (le 26 octobre), sa quête de lumière se heurte aux mémoires, aux déceptions passées et ainsi le désir d’être aimé et la crainte, ou la sensation de ne pas l’être la tourmentent encore. Elle s’aime mieux cependant, regagne confiance et reprend des couleurs sereines du 17 novembre au 2 décembre, à nouveau directe, maîtresse à domicile.

Mais attention! ! Ce tableau idyllique est plus que troublé par les perturbations d’Uranus et des noeuds lunaires, traité plus loin dans cet article. 

Vénus directe en Scorpion : du 2 décembre au 7 janvier 2019

De retour en Scorpion, nous retrouvons ce qui a déjà été expliqué, avec de nombreuses variations, dues non seulement aux circonstances personnelles, mais aux évolutions vécues, aux compréhensions intégrées pendant la phase de rétrogradation et le séjour en Balance. 

Qu’avons-nous appris ? Avons-nous un peu progressé vers la compréhension de la différence entre l’amour et la sentimentalité? Avons-nous saisi la nocivité de l’attachement, les liens intimes qu’entretient la peur avec la recherche permanente du plaisir ? Aimons-nous un peu mieux, c’est-à-dire moins égoïstement ?

L’opposition de Vénus à Uranus : du 15 octobre au 12 décembre

Au cours de sa rétrogradation, de son séjour en Balance et de son retour en Scorpion,  Vénus croise Uranus sur son chemin, une opposition qui exalte et tourmente à la fois l’affectif, la relation à l’esthétique et la sensualité:  

« Les aspects subversifs et non-conformistes de l’amour, de la sexualité, de l’union, de l’art et de la beauté sont poursuivis par un mental aventureux, détestant la routine, sans cesse en quête de renouvellement et difficilement satisfait. Les sensations sont activement recherchées. Les attractions sont soudaines, électriques, inexplicables, intenses, instables et limitées dans le temps malgré une volonté de pérennité. Le coup de foudre est possible et les bouleversements sentimentaux fréquents. La quête de la nouveauté trahit ou détruit les amours anciennes. (……) l’exaltation sentimentale nourrit le développement personnel, mais évite difficilement la souffrance. Les infidélités et les séparations sont communes ainsi que les amitiés amoureuses libres d’attaches. Les codes sociaux concernant le mariage et la sexualité sont ignorés. Le cœur l’emporte sur l’orientation sexuelle. Les relations sociales sont magnétiques et humanistes malgré l’égoïsme du plaisir. L’amitié est essentielle. Appréciation subtile de l’art et de la beauté, talents et goûts originaux, émotions esthétiques intenses. Belle créativité et vécu souvent passionnant, mais la paix du cœur est difficile à réaliser. » (2)

Il faut ainsi compter avec cette configuration dynamique qui nourrit les agitations vénusiennes, révolutionne parfois l’affectif dans le sens d’une quête de liberté et d’indépendance, ce qui n’est pas toujours simple si l’on est « captif » de structures familiales, sociales et sentimentales. Il est impératif que l’intelligence s’en mêle :  

« La passion, l’enthousiasme et la créativité peuvent-ils être vécus au quotidien, sans être grignotés par la pensée qui impose sa routine, ses constructions mentales, ses définitions, ses conclusions et ses structures sécurisantes? Les aspects Uranus/Vénus invitent à répondre à ces questions, dont la résolution mène éventuellement à l’amour libéré des attachements et ainsi sans cesse renouvelé. » (3) 

Les noeud lunaires : Vénus au carré des noeud lunaires du 18 octobre au 10 décembre

Comme si Uranus ne suffisait pas, Vénus rencontre également les noeuds lunaires sur son chemin, ceux-là même qui accompagnèrent Mars tout au long d’un été difficile pour un grand nombre de gens (4). Cette configuration tendue indique des bouleversements affectifs, des attractions sensuelles irrésistibles, des compulsions, des rencontres et des unions parfois nocives, des insatisfactions causées par des soifs inassouvies, impossibles à étancher. Il faut ainsi et sans doute plus spécifiquement dans la phase de rétrogradation, se méfier d’attractions qui se révèleront plus tard être des cadeaux empoisonnés. Attention aux manoeuvres secrètes, à la colère et aux anxiétés qui empoisonnent même des relations bien établies. 

Comme toujours avec Rahu et Ketu, intimement liés aux événements qui influencent nos destinées, il s’agit de comprendre certains mécanismes fondamentaux : Rahu (le noeud nord), provoque expériences et attachements, alors que Ketu offre des épreuves puis un possible détachement. Rahu donne, mais tourmente et attache. Ketu ôte, mais élève et détache. Ainsi, associée aux noeuds et aux tendances qui leur sont propres, Vénus devient garante, le temps de ces carrés, du sentier spirituel, le seul capable de changer les consciences et d’apporter non seulement la sérénité mais aussi de sauver, tant que nous le pouvons encore notre monde : en d’autre termes d’extirper la conscience collective du marécage dans laquelle elle patauge allègrement.


Par le biais des noeuds lunaires, c’est-à-dire des expériences liées à l’attachement et au détachement et avec Uranus dans sa fonction d’éveilleur de l’intelligence, de possibles émergences de la Venia (5) sont envisageables. La venia, « le cadeau gratuit des dieux » renvoie à la possibilité de séduire la divinité, qu’on l’appelle Dieu au singulier ou au pluriel, Grand Esprit ou Claire Lumière primordiale. Séduire cette immense intelligence à laquelle nous appartenons, mais dont nous nous sommes terriblement éloignés. La venia n’est pas la prière, elle n’exige aucun rituel, elle n’est pas un dogme ni une croyance. Elle est une action fondée sur la perception qu’il y a bien plus au charme vénusien que ce que l’on croit généralement. Avec elle le charme, l’arme de Vénus, s’applique à l’univers entier et celui-ci, séduit, nous prend par la main. Et ainsi, même le monde du Scorpion que l’on sait lié à la mort, s’illumine de beauté et retrouve ses valeurs de transmutation : par l’amour, par Vénus, le plomb se fait or, le serpent se fait aigle et le phœnix renaît de ses cendres. 


(2) L’astrologie et la mécanique de la pensée  (Vénus et Uranus en aspect tendus)

(3) Ibid.


CENTILOQUE

CLIQUEZ SUR LE LIEN pour une version entièrement retravaillée du CENTILOQUE, un ouvrage publié en 1993 aux Editions Dervy


Extrait :


1- N°5 : caractère et destinée.


« L’astrologie dévoile les relations intimes qu’entretient le caractère avec la destinée. La destinée d’un individu est l’expression de son caractère ».


Le mot caractère nous vient du grec « kharaktêr », qui signifie un signe gravé. Il signifie également ce qui est propre à une chose, son expression personnelle, son originalité. Par extension, le caractère définit l’ensemble des traits psychiques propres à un individu.


Le caractère se rapporte à la fois à l’expression originale d’un individu et à son thème astral, le signe gravé dans les cieux, qui nous représente et nous définit.


Le caractère est au départ cette infime portion de nos êtres, qui échappe au grand nivellement imposé par l’hérédité et par l’environnement de naissance (racial, familial, social et culturel). Il est ce qui nous rend unique. Au travers de ce petit germe de liberté, la nature développe en nous, patiemment, l'espritla sagesse, le pouvoir et l’amour.


Le terme de destinée est aussi riche en enseignements : il est à la racine du mot destination qui signifie le rôle, l’usage.


Le concept de destinée implique une fonction à remplir. Le caractère actualise la destinée, c’est-à-dire le rôle que nous avons à jouer dans cette existence, un rôle qui n’est pas imposé: on continue à confondre astrologie et fatalisme, on fait d’elle le chantre du c’était écrit, comme si sa fonction se bornait à décrire une destinée transformée en fatum, en une fatalité inéluctable à laquelle nul ne pourrait échapper. C’est tout à fait le contraire, puisque l’astrologie n’a de sens que si elle nous permet d’agir sur la destinée.