samedi, octobre 09, 2021

Vénus, Ketu et la venia

Les éphémérides se parcourent comme un roman d’aventures, pourvu qu’on en maîtrise les clefs de lecture. Le lecteur dont c’est le cas n’y lit pas des colonnes de chiffres et de degrés zodiacaux, mais une codification précise de la géométrie céleste et de ses liens avec les évènements, soient-ils intérieurs ou extérieurs. Avec la pratique il y débusque des significations moins évidentes que celles produites par les aspects majeurs qui constituent les vents dominants agitant le psychisme collectif : il s’attarde avec grand plaisir à explorer des configurations subtiles qui pointent vers des portails fugacement entrouverts, permettant de saisir sur le vif certains des mouvements les plus délicats de nos consciences - de ceux qui éclairent brillamment les rouages les plus secrets du grand jeu de la vie et de la mort. Ces jours-ci - du 4 au 15 octobre 2021 - nous en offrent un exemple frappant, avec la conjonction de Vénus et de Ketu, le noeud lunaire sud. 

(Soulignons au passage dans la carte du ciel ci-dessous, une triple conjonction ayant lieu ce soir le 9 octobre à 21h11 (Paris HL) - de Vénus et de Ketu à 02°32 du Sagittaire - accompagnés de la Lune à 02°18 du même signe. Au même moment et au demi-carré de cette configuration, le Soleil, Mercure et Mars sont conjoints à 16° de la Balance - signe de Vénus. L'ensemble évoque plaisirs et communications, action, conflit et désir, impulsivité et compulsion. Il est essentiel, lors de cette soirée, de rester très « éveillé »  face à toute forme d'interaction sociale - et si possible de jouir de la beauté du monde). 

Conjonction Lune-Ketu-Vénus le 09/10/21 21h11 Paris

Ketu 

Voici, dans les très grandes lignes, les significations des aspects de Ketu : « Associé au retrait, aux mystères du passé, à l’ascèse et à la rigueur, Ketu est inséparable du détachement et de la quête spirituelle. Les épreuves transformatrices, les compulsions irrésistibles, les craintes inexplicables, la contraction mentale, la confrontation à la douleur, le doute, l’isolement et la séparation se rattachent à ses aspects. » (1)

Ketu et Vénus

Et maintenant, toujours dans les grandes lignes, ce que l’on peut dire à propos d’une rencontre de Ketu avec Vénus : « Difficulté d’épanouissement dans le cadre de l’union et des sentiments. Épreuves liées à la perte ou à l’absence de personnes aimées, à des regrets ou à des chagrins d’amour. Une difficulté à s’investir mène à des séparations douloureuses dont on se sent responsable. La poursuite compulsive du plaisir, de l’union et de la sensualité, une éventuelle addiction sexuelle et un désir compensatoire d’être aimé affectent la destinée. Des épreuves liées à la quête des sensations mènent au détachement et au mieux à la grâce ou à la venia. Possibilité de connaître l’amour idéal libéré de la sentimentalité. » (2)

Ainsi, ces journées que nous traversons affectent l’affectif en profondeur, qu’il s’agisse de nos amitiés, de nos familles ou de nos amours, voire même de nos collègues de travail, de nos voisins, des gens que l’on croise jour après jour dans la rue, dans les transports ou à la terrasse d’un café. Des évènements, des rencontres déterminantes « décidées » par le destin pour le meilleur ou pour le pire, sont à envisager. En cela cette configuration s’oppose au libre arbitre (3). Nous ne choisissons pas les circonstances, ni les personnes que nous croisons et qui deviennent soudainement importantes, parfois même indispensables. Inversement, des ruptures, des éloignements, des bouleversements relationnels - quelquefois liés à des secrets - se produisent de façon imprévue. 

Mais l’on n’est pas victime de forces aveugles, chaotiques, inexplicables frappant au hasard. Ni d’un processus de punitions et de récompenses décidé par un maître d’école tout puissant. Ce type de configuration comporte en elle des éléments plus essentiels associés aux mystères de la vie, en ce qu’elle a de plus signifiant : en ce qu’elle touche au pourquoi de tout cela, au pourquoi de la naissance, de la mort et de nos consciences. 

Vénus - Wikimedia commons

La venia

Le concept de la venia, qui appartient à Vénus, nous éclaire - un peu - sur le sens de ces évènements et sur la sagesse que nous pouvons en extraire. (4) 

Exprimé très simplement, la venia nous explique qu’il y a moyen de séduire les puissances divines : le charme, la séduction sont les armes de Vénus et de même que vénérer, la venia, est un mot de même racine que Vénus. Il signifie les cadeaux gratuits des dieux

Traduisons que les puissance divines et bienheureuses n’ont pas grand chose à faire des supplications et des prières des croyants - et cela malgré les quantités inouïes qui leur sont adressé depuis la nuit des temps. Etrangement, religion et commerce sont intrinsèquement liés : l’on réclame un don, une guérison, une réussite, une grâce quelconque et en contrepartie l’on promet d’être sage, d’offrir de l’argent aux églises ou aux pauvres, de faire un pèlerinage, de jeûner ou dans les pires des cas de s’infliger des sévices … Certes, certains croyants plus évolués ne prient pas « commercialement », mais l’échange n’en est pas moins poursuivi, ne serait-ce que pour le bien-être psychologique que cet acte leur procure. On vénère de puissantes déités, soit de façon égoïste, soit se dit-on pour venir en aide à l’humanité et l’on se sent mieux dans sa peau. Le but reste de se sentir bien. 

La venia est un processus vénusien qui considère les choses différemment puisque l’on charme, l’on séduit le divin sans pour autant rechercher une récompense. L’on se contente d’avoir une vie libre, belle, entière. Une existence libérée des craintes et des étroitesses, en quête d’esthétique et de beauté, entièrement tournée vers le sens et l’intelligence. Riche d’amour. Et séduit(e)s par cette liberté intérieure, dieux et déesses ou autres êtres de lumière, ou encore l’intelligence divine et universelle si vous préférez, offrent alors ici et là les coups de pouce nécessaires à l’épanouissement de l’âme, c’est-à-dire à l’éclosion de la véritable humanité en soi-même.

Rahu

Cela n’est pas si facile, nous le savons. Des obstacles se dressent sans cesse sur nos chemins, à commencer par les significations négatives des astres qui constituent notre architecture psychique : Pluton et la quête du pouvoir, Neptune le maître des illusions et des identifications, Uranus et son autoritarisme glacé, Saturne le générateur de craintes et de frustrations, le Soleil et ses orgueilleuses fiertés, Jupiter à la gourmandise insatiable, Mars aux désirs indestructibles, Vénus et son incessante quête des plaisirs, Mercure le maître des ruses cyniques et égocentriques et enfin la Lune, reine d’un mental bruyant qui ne s’arrête jamais. En ce sens, notre thème astral est le plus souvent une prison (5). 

Si par le biais d’épreuves, de rencontres signifiantes et d’une spiritualité intelligente, Ketu associé à Vénus mène à la venia, Rahu, l’autre noeud lunaire, la tête du dragon, dont la fonction est de nous immerger dans les expériences matérielles, provoque l’attachement et l’insatisfaction. Une insatisfaction plus que nécessaire (6), puisqu’elle nous ramène éventuellement à la quête spirituelle menée par Ketu, la queue débarrassée de la tête, c’est-à-dire du mental. Mais pour cela l’intelligence est de rigueur. Ni Vénus, ni Ketu n’agissent seuls : la quête de la liberté, indispensable à la venia passe forcément par Uranus, le révolutionnaire qui écrase toutes les autorités soient-elles intérieures ou extérieures, traditionnelles ou soit-disant spirituelles. Saturne - ces jours-ci au trigone de Rahu et au sextile de Ketu - participe en apportant la patience, la détermination, la persévérance, la réflexion profonde. Uranus et Saturne étant mutuellement engagés dans un long carré, les deux astres sont à ménager afin de structurer (Saturne) l’éveil de la conscience (Uranus). En définitive tous les astres participent à l’obtention de la venia, même si elle reste un processus essentiellement vénusien.

Le détachement, la joie et l’amour 

Si, afin d’accéder à une conscience sans centre, le but est de se détacher de soi-même, de l’ego, ce qui est un mouvement de libération associé à Ketu - qui accessoirement représente tous les êtres spirituellement préoccupés - la volonté ne peut rien y faire : on ne peut pas décider de se détacher, de même que l’on ne peut décider d’aimer. Ainsi rassemblés, Ketu et Vénus soulignent que ni le détachement, ni l’amour ne peuvent être convoqués par la pensée. 

Par contre la compréhension de l’attachement à l’ego détache de l’ego. Et la compréhension de ces mécanismes, sans intervention de la volonté, sans désir d’obtenir quoi que ce soit en échange, donne naissance à l’amour en écartant ce qui l’empêche d’éclore : la peur, l’égoïsme, l’ignorance, la quête incessante des sensations.

Le détachement, la joie et l’amour sont intrinsèquement liés. S’ils peuvent être les fruits de circonstances fortuites, ils sont d’abord ceux de la venia, c’est-à-dire de ces cadeaux gratuits de l’intelligence universelle à la conscience humaine, lorsque celle-ci réussit à se dégager un peu des obscurités qui l’emprisonnent. Alors, non seulement la venia nous aide à progresser, c’est-à-dire à conquérir un libre arbitre qui n’est pas offert à la naissance (7), mais elle s’avère être une clefs majeures dans la transformation de nos consciences sans laquelle nous ne pourrons jamais changer le monde. 



(1) L’astrologie et la mécanique de la pensée - Les aspects des noeuds lunaires

(2) Ibid.

(3) A ce sujet voir la vidéo ou lire l'article : Sommes-nous captifs de nos thèmes astraux 

(4) Cf. l’article intitulé Vénus et la venia , publié il y a quelques années et tout à fait d’actualité

(5) Cf. note 3

(6) Rahu est indispensable à la quête : cf. Les noeuds lunaires et le nectar d'immortalité

(7) Cf. note 3.




CENTILOQUE

CLIQUEZ SUR LE LIEN pour une version entièrement retravaillée du CENTILOQUE, un ouvrage publié en 1993 aux Editions Dervy


Extrait :


1- N°5 : caractère et destinée.


« L’astrologie dévoile les relations intimes qu’entretient le caractère avec la destinée. La destinée d’un individu est l’expression de son caractère ».


Le mot caractère nous vient du grec « kharaktêr », qui signifie un signe gravé. Il signifie également ce qui est propre à une chose, son expression personnelle, son originalité. Par extension, le caractère définit l’ensemble des traits psychiques propres à un individu.


Le caractère se rapporte à la fois à l’expression originale d’un individu et à son thème astral, le signe gravé dans les cieux, qui nous représente et nous définit.


Le caractère est au départ cette infime portion de nos êtres, qui échappe au grand nivellement imposé par l’hérédité et par l’environnement de naissance (racial, familial, social et culturel). Il est ce qui nous rend unique. Au travers de ce petit germe de liberté, la nature développe en nous, patiemment, l'espritla sagesse, le pouvoir et l’amour.


Le terme de destinée est aussi riche en enseignements : il est à la racine du mot destination qui signifie le rôle, l’usage.


Le concept de destinée implique une fonction à remplir. Le caractère actualise la destinée, c’est-à-dire le rôle que nous avons à jouer dans cette existence, un rôle qui n’est pas imposé: on continue à confondre astrologie et fatalisme, on fait d’elle le chantre du c’était écrit, comme si sa fonction se bornait à décrire une destinée transformée en fatum, en une fatalité inéluctable à laquelle nul ne pourrait échapper. C’est tout à fait le contraire, puisque l’astrologie n’a de sens que si elle nous permet d’agir sur la destinée.