Voici venir le temps non pas des prédictions, des promesses ou de je ne sais quelle mauvaise horoscopie, mais celui du recul – quel bilan pour 2023 - et de la préparation - comment user au mieux de ce que la géométrie céleste nous propose pour l’an 2024 qui s’annonce. Car l’astrologie ne prend toute sa signification que dans le cadre d’une transformation de nos consciences responsables en premier lieu de ce monde sérieusement abîmé dans lequel nous vivons. Elle révèle comment la géométrie céleste et nos destinées sont inexplicablement intriquées : la fonction première de l’astrologie n’est pas de prédire la bonne ou la mauvaise fortune, mais de démontrer que la vie a un sens, qu’elle n’est pas absurde parce que reliée à un ordre sous-jacent. L’exploration de ce sens permet d’échapper au cancer du matérialisme qui ronge le cœur de l’humanité et détruit l’ensemble du vivant. Elle permet à nos destinées de croître et de fleurir.
Bilan 2023
J’ai participé il y a un an à un exercice collectif réunissant une douzaine d’astrologues de différentes nations. Qu’en était-il de 2023 ? Que penser de l'ingrès de Pluton dans le Verseau, de Saturne en Poissons, d’Uranus, de Jupiter et de Rahu dans le Taureau ? Le long carré Uranus-Saturne qui enlisait depuis deux ans les avancées révolutionnaires (Uranus) dans le temps (Saturne) s’achevait enfin et les prévisions étaient sensiblement optimistes. Vu le cortège de catastrophes écologiques, de conflits armés et d’injustices en croissance exponentielle qui illustrèrent l’année, elle se montra cependant plus difficile que nous ne le pensions. L’on ne doit pas en conclure que l’astrologie n’est pas pertinente, mais que certaines de ses clefs ne sont pas estimées à leur juste valeur.
Pluton et les nœuds lunaires 
Pluton au carré exact des noeuds lunaires
Le 25 juillet 2023
A propos du carré persistant - de février à fin décembre 2023 - des nœuds lunaires à Pluton, j’avais commenté : « L’on s’attend à des circonstances à la fois collectives et personnelles face auxquelles le libre arbitre est inexistant. Le contexte énergétique, les intérêts et les ambitions personnelles des puissants, les compulsions de tout un chacun imbibent l’atmosphère et matérialisent les évènements négatifs. Ainsi, dans un contexte uranien de libération, les désirs de sensations et de domination (Pluton) et l’attachement et l'insatisfaction (Rahu) sont renforcés, présageant de graves tensions ».
Il semble bien que cette configuration - au niveau de ses significations profondes - ait été la plus importante de l’année. Cela se comprend parce les nœuds lunaires tendent à « matérialiser » des circonstances, des évènements et des rencontres obligatoires (1) qui furent liées, toute l’année ou presque, à l’univers plutonien.
Pour préciser, l’on y lit un durcissement de la réalité par le biais de Pluton, de Rahu et de Ketu en interactions tendus, signifiant entre autres : matérialisme, pouvoir, intérêt personnel avant tout, autodestruction, corruption, sexualité tourmentée, influence accrue des puissances financières, des multinationales et des maffias (Pluton), avidité, insatiabilité, insatisfaction, manœuvres obscures et secrètes (Rahu, le nœud nord), matérialisme spirituel, extrémisme religieux (Ketu, le nœud sud).
Construite sur de telles fondations, l’année ne pouvait être saine. Ce n’est cependant pas un raisonnement déterministe : une humanité moins matérialiste pouvait vivre cette configuration différemment. Pluton l’alchimiste poursuit la transmutation qui est une transformation radicale, totale, de la nature du plomb (Saturne) en or (le Soleil). Les expériences obligatoires associées à Rahu servent à nous débarrasser de l’avidité et de l’insatisfaction. Ketu, le nœud sud, qui représente la simplicité et la quête spirituelle peut alors se manifester authentiquement, nous aidant par la même occasion à guérir le monde par la guérison de nos consciences.
Pluton en Verseau, ingrès du 23 mars 2023
14h00 CET, Paris, France
Morceaux choisis
L’on ne peut revenir sur la géométrie céleste d’une année entière : voici quelques-uns des évènements astrologiques les plus marquants.
- Du 23 mars au 11 juin Pluton en Verseau a souligné l’importance des révolutions technologiques en cours, principalement celle de l’IA qui quoique légèrement antérieure semble avoir explosé à ce moment-là. Affaire à suivre pour 2024.
- J’avais souligné (Pluton en Verseau) les liens des plus mystérieux que l'ingrès de Pluton (la transmutation), entretenait avec Uranus (la révolution) et Ketu (le coeur de la spiritualité). Même si l’on est loin de tout comprendre, ces liens me semblent essentiels à explorer dans une approche de la quête du sens dont il était précédemment question. En cela 2023 a révélé de fascinantes pistes de recherche.
- Saturne en Poissons depuis mars 2023 et jusqu’en 2025, se montre forcément ambivalent, vu la double nature d’un signe écartelé entre égoïsme et compassion : les Poissons pleurent facilement sur le monde avant d’écarter leur chagrin pour se réfugier dans leur petit monde intérieur. Saturne est censé nous aider à résister à l’illusion et à la sentimentalité neptunienne, afin que la compassion ne soit pas de courte durée mais s’ancre dans le temps et dans l’action. A nous d’aller en ce sens.
- La rencontre d’Uranus et de Jupiter en Taureau, laquelle culminera au printemps prochain a initié, particulièrement dans la sphère écologique, une confrontation entre deux modes de pensée et d’action dont nous reparlerons en 2024. Notons déjà qu’Uranus tend à ne pas séparer compréhension et action : proche de la désobéissance civile, n’hésitant pas à transgresser la loi pour le bien de la planète, l’écologie radicale lui appartient. Jupiter représente les organisations hiérarchisées et la justice institutionnalisée. Le Jupitérien sait réunir, fédérer, organiser, mais accepte trop facilement des compromis inadmissibles pour l’uranien qui souffre de son côté d’une incapacité notoire à coopérer. Leur indispensable alliance est de notre responsabilité, c’est-à-dire si l’on veut réussir à changer le monde
- Rahu, le nœud lunaire des expériences a accompagné Uranus, puis Jupiter en Taureau en début d’année, nourrissant l’écoféminisme et les combats écologiques, mais soulignant également l’insatiabilité des ultra riches. Sa rétrogradation en Bélier en juillet - signe cardinal marsien - semble avoir accentué le désir collectif d’entreprises et d’actions, lequel s’est mué parfois en service (Mars positif) mais aussi en actes guerriers (Mars négatif). En contrepoint, Ketu en Balance a déplacé la quête du sens vers le relationnel, l’art et l’amour, ce qui ne peut être que favorable.
- Mars - comprenez nos tendances agressives, violentes et guerrières - dont j’ai beaucoup parlé récemment (2), a véritablement empoisonné l’automne, avec en ligne de front le conflit Hamas-Israël. Celui-ci a débuté avec un Mars en conjonction à Ketu, au parallèle de Rahu et au carré à Pluton. Cette configuration qui évoque le terrorisme, l'extrémisme religieux, les massacres et les catastrophes humanitaires entraîne de graves conséquences pour l’avenir.
- Prenant en compte Rahu en Bélier, l’on comprend que la diplomatie - Ketu en Balance - ait actuellement peu de poids. Évidemment il n’y a pas que ce conflit, de nombreux endroits du globe déjà à feu et à sang (Ukraine, Yémen, Congo …) ont beaucoup souffert des aspects tendus de Mars qui se sont enchaînés depuis septembre.
- Associée à tout ce qui précède, spécialement en ce qui concerne Mars, Pluton et les nœuds lunaires, la saison des éclipses (3) n’a pas été tendre. Rappelons que celles-ci sont liées à des cristallisations de mémoires et de pensées dans les obscurités de nos consciences, capables de se « matérialiser » en évènements. Nous connaître nous-mêmes - ce qui signifie soustraire aux ténèbres nos intériorités - permet d’éviter leurs conséquences délétères et de « matérialiser » d’autres types d’évènements.
L’espoir
Yod et début de conjonction Rahu-Chiron
- De la fin août au 9 novembre, puis du 1er au 28 décembre 2023 (orbe 03°30) un Yod (4) travaille nos consciences en sous-main. Son apex est Ketu (la quête du sens), soutenu, nourri, éclairé par Uranus (l’intelligence) et Neptune (l’empathie). Neptune, astre de communion, représente ici la possibilité de guérir la conscience collective en se guérissant soi-même. Uranus symbolise la révolution intérieure inspirée de Ketu, la simplicité et le détachement. Cette configuration a pour vocation de nourrir l’action extérieure (Rahu) situé entre Uranus et Neptune, en s’appuyant sur le sens spirituel (Ketu) de la vie.
- Exacte le 19 février prochain, la conjonction de Rahu avec Chiron a commencé en octobre. Sans accepter tout ce qui se dit sur cet astéroïde cométaire - il semble certain qu’il « oriente » vers la guérison des consciences. Nombre d'expériences vécues (Rahu) devraient être influencées par cette direction - de même, le désir de guérison devrait influencer nos actes et nos décisions. Cela nous ramène comme souvent au concept de l’action juste, que nous peinons à comprendre et à concrétiser, tant nous sommes guidés par l’intérêt personnel (Pluton), l’avidité (Rahu), les croyances religieuses (Ketu), la ruse (Mercure), la recherche du plaisir (Vénus), le désir (Mars), les jugements (Jupiter), l’orgueil (le Soleil), les mémoires (la Lune), l’identification (Neptune), la radicalité (Uranus) et bien entendu la peur (Saturne). Tant que l’amour, la liberté, l’intelligence et la compassion ne seront pas à l’origine de nos actions nous ne guérirons pas.
2023 puis 2024
Le ciel des astres affecte l’ensemble de la conscience collective. Il affecte également chaque individu, c’est-à-dire chaque cellule de cet immense organisme qu’est l’humanité. Quelle que soit l’année qui nous préoccupe, il est essentiel de comprendre que nous avons une fonction, un rôle à jouer. Nous ne sommes pas impuissants parce que nous sommes le monde et le monde c’est nous. Parce qu’ainsi que le formulait Krishnamurti : « la guerre est la projection spectaculaire et sanglante de notre vie quotidienne ». Plutôt que de laisser le monde entre les mains des « puissants », il nous faut assumer nos responsabilités en tant que microcosmes du macrocosme. Parce que le premier cadeau de l’astrologie est de nous révéler notre identité cosmique, elle nous incite à vivre pleinement notre nature : celle-ci, au-delà de la chair et du sang, est constituée de poussières d’étoiles.
Bonnes fêtes de fin d’année - si vous la fêtez - et à l’année prochaine.
____________________________
(1) La notion de « circonstances obligatoires » renvoie aux nœuds lunaires qui relient l’action extérieure (Rahu, le nœud nord) à la quête du sens (Ketu, le nœud sud) : comme si le monde proposait des scénarios à nos destinée afin que nous avancions dans notre quête du sens. Cette notion s’illustre souvent de façon spectaculaire dans les synastries, c’est-à-dire les comparaisons de thèmes et les transits qui président à la première rencontre. L’obligation, ce qui nous est « imposé », est située au point de départ. Vous rencontrez par exemple une personne qui va jouer un rôle essentiel dans votre vie : si les choix des interactions restent votre, il n’en est pas de même de la rencontre elle-même. Il vous est loisible de l’attribuer au hasard, au destin, à la providence ou au karma selon vos croyances personnelles, mais le fait est qu’elle vous tombe dessus sans crier gare. Ce type d’évènement s'associe couramment aux nœuds lunaires.
(2) Automne 2023, la persistante dangerosité de Mars
(3) Eclipse, Mars et destinée de l'humanité
(4) Yod ou main de Dieu : triangle isocèle d’une base de 60° (sextile) et de 150° de côtés (quinconce).
