Une des questions majeures que se pose le croyant, quelle que soit sa foi, est comment s’y prendre pour éveiller la compassion de l’Indicible? Comment s'arranger pour que les puissances glorieuses et vénérables interviennent efficacement, c’est-à-dire à son profit, en lui offrant ce qu’il désire, qu’il s’agisse d’argent, de succès, de pouvoir, de sensualité, d’expériences mystiques ou de vie éternelle? Au cours de notre histoire, nous avons épuisé à peu près toutes les formes de mercantilisme spirituel, qui consistent à offrir aux dieux, unique ou multiples, un acte quelconque en contrepartie de leurs faveurs.
- Les rituels innombrables, les offrandes, les sacrifices. Le sacrifice humain connut une mode mondiale. Le don doit être précieux, or quoi de plus précieux que la vie humaine? Par la suite on sacrifia plutôt des boeufs, des chèvres, des moutons, des poulets, toujours persuadés que le sang et la mort d’un être vivant plaisent au ciel, ou ont le pouvoir d'attirer son attention. Dans la même optique, les magiciens noirs qui croient que la mort (violente et rituelle), dégage une énergie, sacrifient aux forces démoniaques.
- Les épreuves physiques : les tapassyas (1), les tourments que les pénitents du monde entier s’imposent, flagellations, cilices, jeûnes, crucifixions volontaires, abstinence sexuelle, exposition aux éléments, agenouillements interminables, privations de sommeil, réclusions dans des grottes, des couvents, des monastères, danses du soleil, scarifications….. Les dévots, sincères en majorité (on sait que la sincérité n’est pas forcément la vérité), s’attendent à être récompensés de leurs souffrances auto imposées.
- La charité, le dévouement, la pratique du bien, les règles de vie comme le yama et niyama (2) hindous.
- La prière est un gros morceau. Les astucieux Tibétains sont les heureux inventeurs du moulin à prières, qui multiplie les supplications par des moyens mécaniques.
- N’oublions pas les donations au clergé, afin que celui-ci fasse le travail à notre place !
(1) Les Tapassyas, synonymes de feu intérieur et d'austérités, capables d'embraser les mondes, sont d'effroyables épreuves endurées sur de très longues périodes. De nos jours encore, des sadhus se les imposent pendant un minimum de douze ans. Cela va de l’interdiction de se coucher, de s'accroupir et de s'asseoir, même la nuit, au maintien d'un bras en l'air qui meurt et se dessèche, en passant par le vœu de silence.
(2) Yama ou les cinq réfrènements : non-violence, véracité, honnêteté, continence sexuelle, pauvreté. Niyama ou les cinq disciplines : la pureté (du corps, de l’alimentation, de l’esprit), le contentement (sérénité), l’austérité, l’étude des écritures, l’abandon complet à Dieu.