vendredi, novembre 21, 2008

Vénus et la venia

Ô Lord/won’t you buy me/ a Mercedes-Benz

Janis Joplin

Une des questions majeures que se pose le croyant, quelle que soit sa foi, est comment s’y prendre pour éveiller la compassion de l’Indicible? Comment s'arranger pour que les puissances glorieuses et vénérables interviennent efficacement, c’est-à-dire à son profit, en lui offrant ce qu’il désire, qu’il s’agisse d’argent, de succès, de pouvoir, de sensualité, d’expériences mystiques ou de vie éternelle? Au cours de notre histoire, nous avons épuisé à peu près toutes les formes de mercantilisme spirituel, qui consistent à offrir aux dieux, unique ou multiples, un acte quelconque en contrepartie de leurs faveurs. Citons :
- Les pèlerinages, convaincus que nous sommes et quelle qu’en soit la raison, que certains lieux sont plus marqués que d’autres par la présence divine.
- Les rituels innombrables, les offrandes, les sacrifices. Le sacrifice humain connut une mode mondiale. Le don doit être précieux, or quoi de plus précieux que la vie humaine? Par la suite on sacrifia plutôt des boeufs, des chèvres, des moutons, des poulets, toujours persuadés que le sang et la mort d’un être vivant plaisent au ciel, ou ont le pouvoir d'attirer son attention. Dans la même optique, les magiciens noirs qui croient que la mort (violente et rituelle), dégage une énergie, sacrifient aux forces démoniaques.
- Les épreuves physiques : les tapassyas (1), les tourments que les pénitents du monde entier s’imposent, flagellations, cilices, jeûnes, crucifixions volontaires, abstinence sexuelle, exposition aux éléments, agenouillements interminables, privations de sommeil, réclusions dans des grottes, des couvents, des monastères, danses du soleil, scarifications….. Les dévots, sincères en majorité (on sait que la sincérité n’est pas forcément la vérité), s’attendent à être récompensés de leurs souffrances auto imposées.
- La charité, le dévouement, la pratique du bien, les règles de vie comme le yama et niyama (2) hindous.
- La prière est un gros morceau. Les astucieux Tibétains sont les heureux inventeurs du moulin à prières, qui multiplie les supplications par des moyens mécaniques.
- N’oublions pas les donations au clergé, afin que celui-ci fasse le travail à notre place !

Ce n’est pas un hasard si Vénus, la grâce de Dieu des anciens astrologues, tire son nom de venia, un vocable qui signifie don gratuit. La venia des dieux, sont les grâces qu’ils nous accordent sans contrepartie, car pensaient les Romains, nous ne possédons rien qui puisse tenter les bienheureux, à jamais beaux, jeunes et immortels, ignorant l’âge, la maladie et la mort. Pour obtenir cette gratuité, l'unique moyen que nous ayons à notre disposition est le charme, qui est l’arme de Vénus.
Autrement dit, pour que la Déité dispense ses bienfaits, nous devons la séduire. Séduire Dieu !
Comment? Par ce qui plaît à Vénus qui, une fois purifiée par Saturne (la justice de Dieu), débarrassée de la quête incessante du plaisir, symbolise l'amour, la beauté, la paix du coeur. Il s’agit en conséquence d’aimer, sans rien désirer ni réclamer en échange. De sculpter sa vie comme une oeuvre d'art, ce qui implique cesser de se soumettre à la recherche permanente de la sécurité, puisque l’intelligence nous prouve que celle-ci n’existe pas. Cela nécessite de percevoir la futilité de nos sagas personnelles, de ressentir une confiance sans faille dans le miracle de l'existence, de remporter la victoire sur notre seul véritable ennemi, la peur.

Existe-t-il une anti-venia? Un comportement si haïssable qu’il déclenchera sinon la fureur, du moins l’antipathie du ciel et le retrait de son soutien ? On aimerait le croire. Si la nature lumineuse de Vénus est la venia, la nature obscure de Mars, qui purifié symbolise la force et le courage, soumet l’être à la crainte, au désir insatiable, à la domination, à la violence. Pourtant nous ne manquons pas d’exemples de dictateurs sanguinaires, paranoïaques et hideux, qui semblent éternels tant ils vivent longtemps et jouissent impudemment des plaisirs. C’est une façade, bien sûr. L’astrologie, qui nous donne accès aux théâtres morbides de leurs esprits, nous apprend dans quels malheurs ils sont plongés, eux dont le cœur est mort.



(1) Les tapassyas, synonymes de feu intérieur et d'austérités, capables d'embraser les mondes, sont d'effroyables épreuves endurées sur de très longues périodes. De nos jours encore, des sadhous se les imposent pendant un minimum de douze ans. Cela va de l’interdiction de se coucher, de s'accroupir et de s'asseoir, même la nuit, au maintien d'un bras en l'air qui meurt et se dessèche, en passant par le vœu de silence.

(2) Yama ou les cinq réfrènements : non-violence, véracité, honnêteté, continence sexuelle, pauvreté. Niyama ou les cinq disciplines : la pureté (du corps, de l’alimentation, de l’esprit), le contentement (sérénité), l’austérité, l’étude des écritures, l’abandon complet à Dieu.

CENTILOQUE

CLIQUEZ SUR LE LIEN pour une version entièrement retravaillée du CENTILOQUE, un ouvrage publié en 1993 aux Editions Dervy


Extrait :


1- N°5 : caractère et destinée.


« L’astrologie dévoile les relations intimes qu’entretient le caractère avec la destinée. La destinée d’un individu est l’expression de son caractère ».


Le mot caractère nous vient du grec « kharaktêr », qui signifie un signe gravé. Il signifie également ce qui est propre à une chose, son expression personnelle, son originalité. Par extension, le caractère définit l’ensemble des traits psychiques propres à un individu.


Le caractère se rapporte à la fois à l’expression originale d’un individu et à son thème astral, le signe gravé dans les cieux, qui nous représente et nous définit.


Le caractère est au départ cette infime portion de nos êtres, qui échappe au grand nivellement imposé par l’hérédité et par l’environnement de naissance (racial, familial, social et culturel). Il est ce qui nous rend unique. Au travers de ce petit germe de liberté, la nature développe en nous, patiemment, l'espritla sagesse, le pouvoir et l’amour.


Le terme de destinée est aussi riche en enseignements : il est à la racine du mot destination qui signifie le rôle, l’usage.


Le concept de destinée implique une fonction à remplir. Le caractère actualise la destinée, c’est-à-dire le rôle que nous avons à jouer dans cette existence, un rôle qui n’est pas imposé: on continue à confondre astrologie et fatalisme, on fait d’elle le chantre du c’était écrit, comme si sa fonction se bornait à décrire une destinée transformée en fatum, en une fatalité inéluctable à laquelle nul ne pourrait échapper. C’est tout à fait le contraire, puisque l’astrologie n’a de sens que si elle nous permet d’agir sur la destinée.