vendredi, septembre 16, 2022

Charles III, la fin d'une longue éclipse

Comme souvent expliqué dans ces pages, l’astrologie offre un accès aux coulisses de l’existence, c’est-à-dire aux mécanismes intérieurs de nos esprits en grande partie responsable de la substance et des couleurs de nos destinées. C’est particulièrement frappant dans les thèmes de personnages célèbres d fait d'une généalogie sortant du lot, à l'instar de l’ancien Prince de Galles, devenu Charles III.

Sa destinée est marquée par la place spéciale qui lui est faite à la naissance, côtoyant les puissants de ce monde, observé, photographié, filmé et jugé quotidiennement, étant en quelque sorte en représentation permanente avec l'obligation de faire bonne figure, d’être un symbole vivant de la nation qui l’a vu naître tout n'ayant aucune idée de la réalité matérielle que connaissent ses contemporains.

Pourtant, sous cette identité sociale particulière se trouve un humain comme les autres, avec ses rêves, ses désirs, ses passions et ses craintes. Si l’on observe chez lui intelligence, talent et puissance, on remarque aussi un émotionnel à fleur de peau lié à des problèmes affectifs qui l’accompagnent depuis toujours et jouent un rôle clef dans son existence. L’étude de son thème montre une Lune exaltée en Taureau, culminante et joliment accompagnée, mais en définitive trompeuse car connectée à une enfance difficile et insécurisée, à de sérieuses difficultés relationnelles avec sa mère, la défunte reine Elisabeth et ainsi à une sentimentalité exacerbée tenue sous cloche par un effort de contrôle incessant, le tout affectant les choix et les décisions. 

 

Charles III, né le 14/11/1948 à Londres Royaume-Uni à 21h14 HL
Les configurations favorables

 Si cette intériorité tourmentée n’est pas celle d’un homme à proprement parler heureux, rien ne lui manque à première vue, bien au contraire.

- La Lune au sextile d'Uranus et au trigone de Saturne souligne une intelligence originale et pleinement structurée. Saturne au sextile d'Uranus permet de se construire une philosophie solide et personnelle. 

- S’y ajoutent la culture et l’éducation supérieure par le biais d'un Jupiter maître de la neuvième maison qui renvoie à l'expansion de la conscience et aux hautes sphères de la pensée : Jupiter, au tout dernier degré du Sagittaire (le sens de la justice) est particulièrement bien aspecté en ce qu'il appartient au Grand Trigone qu'il dessine avec la Lune (le contenu de la pensée) et Saturne (la patience, la détermination, la structure). Charles III est ainsi capable d'être autant dans la réflexion et la contemplation que dans le monde tangible de l'application et de la matérialisation. Uranus semble canaliser l'énergie de ce Grand Trigone par la figure classique du Cerf-Volant dont il est l'aboutissement : déjà allié à la Lune et à Saturne comme nous l'avons vu, il s'oppose à Jupiter, indiquant une nature révolutionnaire désireuse de penser créativement, en dehors des clous pour aboutir à des réalisations concrètes.  

- La force et la puissance sont notés par un Soleil en Scorpion, maître de l'ascendant Lion et au carré de Pluton lui-même proche de l’ascendant. 

- Le courage, la bravoure, la colère contre les injustices sont dignement représentés par un Mars en Sagittaire conjoint et parallèle à Jupiter, le maître de la IX qui symbolise également les grands voyages. L’esprit chevaleresque quant à lui naît du sextile Mars-Neptune. S’il n’avait été prince héritier, Charles III avait de l'étoffe de l'aventurier-explorateur : l'on imagine un peu ainsi le thème fictif d’Indiana Jones, le sens de l’action, le complexe du justicier, l'audace et l'érudition en une même personne. 

- Enfin loin d’être absent, le goût des plaisirs et de l’amour se partage entre ce même Mars et sa Vénus en Balance au sextile. 

 La Lune et Saturne

 Ce rapide survol nous oriente vers une destinée forte et intelligente, qui en des temps anciens aurait pu offrir un monarque éclairé. Mais la Lune, malgré ses beaux sextiles et trigones, sa culmination et son exaltation en Taureau n’est pas d’accord : certains aspects bien moins spectaculaires la concernant tirent les ficelles intérieures du thème.

 Le plus important est son parallèle de déclinaison à Saturne, un aspect aussi puissant – et nombre d’anciens auteurs pensaient plus puissant – qu’une conjonction. 

Pour résumer simplement, la relation à la mère et l’enfance (la Lune) s’en retrouvent saturnisés : on parlera d’insécurités – affectives en ce qui le concerne - vécues à cette époque cruciale de sa vie, la cause majeure en étant sans doute une mère royale distante, absente, ou indifférente. Le cocon de l’enfance s’en trouve refroidi. La peur s’installe alors, malgré le courage dont il a été question alors que des mémoires (la Lune) figées (Saturne) empoisonnent l’esprit : Les tendances mentales anxiogènes agissent souterrainement, quelles que soient les autres expressions du thème et même en cas de réussites spectaculaires (1). 

La tendance générale sera à brider les instincts (Pluton en Lion en première maison), à rechercher la sécurité, à contrôler des émotions très vives et à souffrir de ne pas se sentir aimé (voir la conjonction Vénus/Neptune étudiée plus loin).  

 La Lune et Rahu 

 Il est de notoriété publique que la relation à sa mère fut difficile, malgré une enfance protégée (Lune trigone à Jupiter). La conjonction de la Lune à Rahu, le nœud nord, qui cristallise les tendances anxiogènes (Lune/Saturne) en faits tangibles et en insatisfaction. 

 Extraits : « (...). L’enfance est particulière, qu’il s’agisse de l’atmosphère dans laquelle on grandit ou de faits tangibles relatifs au foyer et à la famille. La relation à la mère est insatisfaisante (…). Dans les thèmes masculins le relationnel avec le féminin en est négativement marqué. Stress mental intermittent, émotivité́ et instinct de protection exagérés, insatisfaction récurrente concernant la famille et la vie quotidienne, anxiétés, mémoires figées ou refoulées et préoccupations secrètes » (2) 

 Cet aspect facilite pourtant – normalement - le contact avec le public, mais il est dans la nature des nœuds lunaires d’éclipser et c’est ce qui s’est passé pour lui toute sa vie : prince héritier éclipsé par sa mère et sa destinée princière, il ne s’est jamais appartenu ce dont il a souffert au plus intime de son être. Sa célébrité non choisie (Lune culminante) est un cadeau empoisonné (Rahu) de la destinée. 

 La Lune, Mercure et la maison XII 

 Il n’est pas anodin que la Lune maîtrise la maison XII des secrets, de la douleur et des épreuves : le paysage psycho-affectif s’en retrouve assombri dès ses premiers jours.  

 Mais il faut faire bonne figure sous l’œil des photographes, alors que l’on est confronté au public et à la foule (la Lune) malgré soi, puisque la Lune culmine, alors que la nature profonde est discrète et même secrète (Lune liée à Saturne et maîtresse de la XII).

En opposition à la Lune (l’enfance), Mercure maître de la raison et des choix montre ainsi que ces derniers sont très influencés par les émotions représentées par ces configurations difficiles qui réunissent la Lune à Rahu et à Saturne. Les deux astres sont au carré de l’ascendant (influençant le comportement) et du descendant (influençant la vie sentimentale, le/les couples). 

Mercure et Ketu 

La clef de l’épanouissement consiste ici à comprendre l’impact des mémoires figées sur le comportement, les choix et les décisions, afin de réussir à s’orienter correctement. Ce n’est pas simple, mais non seulement les capacités uraniennes le lui permettent, mais la conjonction Mercure/Ketu apporte un soutien majeur à la transformation de la conscience : « Talents littéraires ou scientifiques innés, goût de l’investigation des mécanismes de la matière et de l’esprit, exploration de l’inconscient, intérêt pour l’occultisme. Possibles talents psychiques et don de guérison. Favorable à la poursuite spirituelle » (3).

 Mais à l’instar du libre arbitre, Ketu doit être conquis, sinon cette position prête à un mental suspicieux, incertain, qui atermoie entre la logique et l’irrationnel ou encore entre la ruse (Mercure) et le détachement (Ketu). Il génère ainsi des épreuves associées à la communication, à des indiscrétions, à des choix compulsifs, à de mauvaises décisions et en définitive à une certaine malchance que l’on provoque soi-même. 

 Vénus et Neptune, la transmutation des émotions

Toute cette complexité serait sans doute plus facile à vivre sans la conjonction Vénus-Neptune qui exacerbe des émotions raffinées, sensibles et compatissantes. Excellemment située dans le signe vénusien de la Balance, elle unit la tendresse, l’amour et le sens de la beauté (Vénus) à l’empathie et au désir de communion (Neptune). Par contre, si elle génère le désir d'aimer, celui d'être aimé devient impératif.

Ainsi pour que cette conjonction s’épanouisse et libère le coeur, elle ne doit pas être corrompue par une configuration Lune-Saturne affectivement problématique comme nous l’avons constaté, car en ce cas l’amour (Vénus) et la souffrance (Neptune) s’associent inextricablement. La souffrance (Neptune) de ne pas se sentir aimé (Vénus) prend le dessus sur les orientations, les ambitions, les choix et les décisions. 

Les circonstances se compliquent alors et l’on est inexorablement entrainé dans un affectif tourmenté parsemé de peines de cœur, de trahisons, de tromperies et de dissimulations dont on est victime mais aussi parfois coupable. Le danger ici est de se durcir afin de ne plus souffrir, quand il faut surtout comprendre que l’amour n’est jamais lié à la souffrance : celle-ci résulte de la jalousie, de l’étouffement, de l’attachement, de la déception, de la frustration et des circonstances averses, mais jamais de l’amour.  

 La puissance du thème

 L’on peut se demander ce qu’aurait donné un tel thème de naissance dans un autre contexte. Comme toute graine, une carte du ciel est dépendante du terrain dans laquelle elle est semée. Nous avons ici un homme d’action - officier de la Royal Navy et de la Royal Air Force, pilote d’hélicoptère militaire - passionné de jardinage, sérieusement engagé dans la défense de la planète, luttant contre la déforestation ou la pêche illégale, soutenant les projets d’architecture communautaire et créateur de nombreuses associations caritatives. Il a cherché à peser sur la politique de son pays, fut d’ailleurs accusé d’ingérence, envoyant des courriers traitant de sujets divers à ses plus hauts responsables. C’est également un authentique artiste, aquarelliste de talent, une expression claire de la conjonction Vénus/Neptune. 

Ces orientations cadrent bien avec une intelligence aiguisée, un sens de la justice prononcé et un véritable esprit chevaleresque. Si la configuration Vénus/Neptune n’est pas de tout repos, celui qui s’y livre vraiment, c’est-à-dire qui en démêle les complexes ressorts affectifs se libère de la sentimentalité et accède à l’amour authentique et à la venia (4) dont il a été plusieurs fois question dans ce blog. 

 Toujours emprisonné dans le carcan de la monarchie parlementaire, mais devenu roi, libéré des contraintes du simple héritier, Charles III fait partie des gens capables de peser d’un poids important sur le combat du siècle qui est celui de la défense de la planète. Il en a les capacités et l’envie mais échapper entièrement de l’ombre dans laquelle il a été confiné ne sera pas simple : il devient Charles III alors qu’Uranus (l’audace) s’oppose à son Soleil et que Saturne (les règles et les traditions) lui fait un carré signifiant qu'il se heurtera à l’opinion publique, aux institutions et aux politiciens. A lui de jouer de cet Uranus révolutionnaire qui le rend apte à secouer certaines « traditions ». S’il sait ne pas se conformer, il parviendra peut-être à se faire aimer de sa nation, ce qui reste un de ses désirs les plus chers.

 

 (1) L’astrologie et la mécanique de la pensée  Lune/Saturne en aspects tendus

 (2) Ibid. Les aspects des nœuds lunaires - Rahu/Lune

 (3) Ibid. Ketu/Mercure

(4) Vénus et la venia 

Photo: Palácio do Planalto, CC BY 2.0 <https://creativecommons.org/licenses/by/2.0>, via Wikimedia Commons



CENTILOQUE

CLIQUEZ SUR LE LIEN pour une version entièrement retravaillée du CENTILOQUE, un ouvrage publié en 1993 aux Editions Dervy


Extrait :


1- N°5 : caractère et destinée.


« L’astrologie dévoile les relations intimes qu’entretient le caractère avec la destinée. La destinée d’un individu est l’expression de son caractère ».


Le mot caractère nous vient du grec « kharaktêr », qui signifie un signe gravé. Il signifie également ce qui est propre à une chose, son expression personnelle, son originalité. Par extension, le caractère définit l’ensemble des traits psychiques propres à un individu.


Le caractère se rapporte à la fois à l’expression originale d’un individu et à son thème astral, le signe gravé dans les cieux, qui nous représente et nous définit.


Le caractère est au départ cette infime portion de nos êtres, qui échappe au grand nivellement imposé par l’hérédité et par l’environnement de naissance (racial, familial, social et culturel). Il est ce qui nous rend unique. Au travers de ce petit germe de liberté, la nature développe en nous, patiemment, l'espritla sagesse, le pouvoir et l’amour.


Le terme de destinée est aussi riche en enseignements : il est à la racine du mot destination qui signifie le rôle, l’usage.


Le concept de destinée implique une fonction à remplir. Le caractère actualise la destinée, c’est-à-dire le rôle que nous avons à jouer dans cette existence, un rôle qui n’est pas imposé: on continue à confondre astrologie et fatalisme, on fait d’elle le chantre du c’était écrit, comme si sa fonction se bornait à décrire une destinée transformée en fatum, en une fatalité inéluctable à laquelle nul ne pourrait échapper. C’est tout à fait le contraire, puisque l’astrologie n’a de sens que si elle nous permet d’agir sur la destinée.