De nombreux astrologues ou passionnés d'astrologie je suppose, à la nouvelle de la démission de Benoît XVI, ont été faire un tour du coté de son thème afin de voir ce qu'il en est réellement. Le motif invoqué est la fatigue, il semble que la charge de pape soit écrasante, d'autant que son prédécesseur qu'il connaissait intimement en aurait beaucoup souffert avant de mourir aux commandes comme le veut la (presque) tradition. L'astrologie comme toujours nous éclaire bien plus précisément sur les motivations profondes qui sous-tendent cette décision.
On regarde d'abord naturellement du coté d'Uranus, astre de la brusquerie et de l’inattendu, très valorisé à la naissance (parallèle à la Lune, conjoint à Mercure, carré à Mars et aux Nœuds lunaires), des caractéristiques qui indiquent indubitablement une prédisposition à surprendre. S’il est encore actuellement très proche de lui-même, il a achevé son cycle de 84 années depuis déjà deux ans et se prépare tout juste à s'opposer à la Lune (possible révolution de la pensée). Sa situation actuelle n'est donc pas responsable de la décision récente, mais elle y participe car Uranus pourvoit l'énergie et le courage nécessaire à son annonce et à son application. Il n’est sans doute pas facile de se démettre ainsi d'une charge qui concerne plus d'un milliard de personnes avec tous les yeux de la planète braqué sur soi. La radicalité de la pensée et la capacité de la mettre en action, qui sont des traits marquants du caractère de Benoît XVI et qui lui jouèrent plus d’un mauvais tour se manifestent ainsi peut-être une dernière fois.
Saturne l’astre du sérieux et de la réflexion profonde, mais aussi du vieillissement, est nettement plus concerné : n'est-il pas entré depuis peu (en décembre dernier) dans la maison VIII qui appartient à la mort? Vu son âge avancé, pape ou pas, ce rendez-vous formidable, inévitable que nous rencontrons tous à plus ou moins brève échéance doit le tourmenter. C'est que nous sommes dans le Scorpion, signe des craintes et des profondeurs de l'âme dont les deux maîtres sont soulignés au natal : si Mars est le guerrier radical et courageux, Pluton au carré de la Lune pointe vers de puissantes obsessions de la pensée. Ainsi, il semble que comme chez de nombreux religieux, la crainte et l'obsession de la mort fassent partie intégrante de son cheminement spirituel. Ce sentiment est renforcé par le fait que le Saturne natal soit en IX, la maison de la spiritualité. Pluton enfin, à plus de 10° du Capricorne (et donc face à lui-même) refait à nouveau le carré de naissance à la Lune, remettant les mêmes obsessions sur le tapis. Il est ainsi possible que jamais auparavant, les deux mondes de la mort et de la spiritualité ne se soient aussi fortement mêlés chez lui.
Ces bases étant définies Neptune nous offre les clefs les plus essentielles.
- Neptune est l’astre du mysticisme c’est-à-dire du désir puissant de se fondre dans quelque chose de vaste, d’immense, d'éternel si possible, qui transcende les limites étroites de l'ego, c'est-à-dire l'idée que les croyants se font de Dieu. Neptune figure autant les saints que les fous, les exaltés et les schizophrènes mais c’est là une autre question.
- Remarquons sa position natale en VI, la maison du travail et du service mais pas forcément du sacerdoce, celui-ci étant plus lié à Jupiter qui favorise les rituels et les organisations hiérarchiques.
- Actuellement dans les Poissons (l'AS du thème, signe qu’il domine), il transite dans la douzième maison. Celle-ci est liée aux épreuves, à l'éloignement du monde, à la purification des émotions et à la contemplation. C'est le lieu le plus intériorisé de la carte du ciel, associé au mysticisme, aux réalisations cachées, loin des foules et du public. Les couvents, les monastères, les ermitages lui appartiennent.
- Quoiqu'on pense de ses idées, Benoît XVI a de fortes orientations mystiques, ce que décrit son AS Poissons avec Jupiter au lever (la foi) au quinconce de Neptune lui-même au trigone du Soleil (la quête spirituelle).
- L'AS Poissons implique une double nature : ce mysticisme de base, la nature première pourrait-on dire, normalement porté par Saturne en IX a été appauvri, parfois écarté, par les obsessions et le désir du pouvoir (Lune/Pluton), les jugements partisans spécialement en ce qui concerne la sexualité (Jupiter est le juge) même mâtinés de compassion, ainsi que par la radicalité des idées déjà évoquée (Uranus/Mercure carré à Mars).
L'homme s'est donc battu pour ses convictions, ses désirs, ses conditionnements et sa foi, mais maintenant, Saturne (l’âge) et Neptune (le mysticisme) aidant, sans compter l’avancée d'Uranus vers l’opposition à la Lune capable de transformer les priorités et de détruire d'anciens moules, tous ces combats perdent beaucoup de leur importance.
- Neptune est par contre en pleine renaissance et la prédominance de Jupiter se termine : celui-ci situé au lever, plus puissant, plus valorisé, a favorisé les honneurs et en définitive l’ascension suprême sur le trône de Saint Pierre. La « réussite mondaine » fut totale ainsi que le prévoyait le maître de l’AS et du Milieu du Ciel au lever, surtout quand il s’agit de Jupiter. Neptune au quinconce, pourtant illuminé par le Soleil (la vocation), naturellement lié au service et à la dévotion n’a pu vivre son orientation mystique et donc permettre une vraie réalisation.
- La maison XII débute d’ailleurs en Verseau (dominé par un Uranus conjoint à Mercure): le pape jupitérien est également théologien, capable de débattre sur les points les plus subtils des doctrines religieuses. Mais cela n’a pas nourri non plus un Neptune au carré de Vénus, qui a plus besoin de dévotion et d’amour que d’intellectualisme.
Voici donc enfin venir son heure : également maître de l’AS (l’attitude), valorisé par sa position de maîtrise en Poissons en XII, Neptune nourrit de plus en plus maintenant ce mysticisme qui n’a pu croître et s’épanouir comme il l’aurait dû. La tentation du cloître et de la solitude, loin des affaires publiques, se fait ainsi irrésistible d'autant que Saturne sent le grand passage approcher à grand pas.
En conclusion s'il n'était pas si âgé, on se poserait des questions au sujet de ses convictions, des jugements qu'il porte sur lui-même et sur sa vie (Jupiter juge les autres mais se juge aussi lui-même) car tous les signes d'une crise intérieure sont présents. Uranus l'été dernier a déjà approché l'opposition à la Lune ce qui signifie une révolution de la pensée et le transit de Saturne en VIII évoque également de profondes interrogations spirituelles vue sa position de naissance. Ce sont des figures de doute, de remise en question dans les secrets de la conscience (Neptune en XII), ce qui est d’ailleurs extrêmement positif. Mais en définitive, vus son âge et son passé, vu son attachement aux traditions (l'Ars moriendi qu'il doit bien connaître?) il semble que Joseph Alois Ratzinger sente la mort venir (Saturne en VIII, Pluton au carré de la Lune) et qu'il désire s'y préparer dans la retraite et la méditation (Neptune en Poissons en XII).