jeudi, décembre 15, 2011

Tropical ou sidéral

Voici revenu le temps de Noël et du solstice d'hiver : il s'agit d'une seule et même fête, celle du Soleil. J'ai déjà abordé le sujet de Noël et de l'astrologie sur ce blog. Cette fois je voudrais en profiter pour placer quelques remarques à propos de la guerre plus ou moins larvée qui fait rage entre sidéralistes et tropicalistes.

Personnellement je suis tropicaliste dans ma pratique, ce qui signifie que je me sers des signes qui découpent le Zodiaque en 12 parties égales à partir du point vernal (lieu de rencontre entre l'écliptique et l'équateur céleste). Si je n’use pas des constellations, cela ne m'interdit nullement de me servir des étoiles fixes (avec prudence et modération), souvent fort édifiantes. Je n'adhère pourtant pas du tout au symbolisme du Zodiaque des saisons, ni au photopériodisme (le symbolisme né de l'alternance des jours courts et des jours longs). Le symbolisme saisonnier qui compare le Bélier à l'explosion du printemps (l'énergie fait sortir le germe de la graine), le Taureau à l'enracinement, les Gémeaux à l'apparition des feuilles et ainsi de suite, ne correspond qu'aux zones tempérées de l'hémisphère nord, spécialement les alentours du bassin méditerranéen.

Ma pratique d'astrologue globe-trotter m’a depuis longtemps démontré que la typologie des signes s'avère universelle. On retrouve les mêmes caractéristiques psychologiques chez un Lion de l'Inde subtropicale (né sous les torrents de pluies de la mousson dans une zone géographique où les jours et les nuits sont relativement égaux), que chez un Lion européen né sous un soleil (parfois) écrasant alors que les nuits sont encore très courtes ou encore chez un Lion  australien né en hiver, alors que les nuits appartiennent aux plus longues de l'année. Peut-être vaut-il mieux ne pas chercher à expliquer absolument ce qui reste pour le moment inexplicable (1) : quoi qu'on en dise, parce que cela fonctionne, le Bélier explose d'énergie et d'enthousiasme mais cela n'a pas grand chose à voir avec la longueur des jours et des nuits, ni avec la venue du printemps dans certaines zones particulières de l'hémisphère nord. Bref, il est sage comme toujours de se conformer à la logique orientale du ni croire ni ne pas croire.

A propos des orientaux : un des arguments favoris des sidéralistes passe par l'Inde, riche de sa réputation d'ancienne sagesse et d'avoir savoir sur tout, qui utilise le zodiaque des constellations qui a l'avantage d'être visuel :
« Rappelons qu’en Inde, c’est le zodiaque sidéral qui est traditionnellement employé, encore de nos jours. Rappelons aussi que le mot « horoscope » comporte le verbe grec signifiant « voir » et que les constellations se voient alors que les « signes » (terminologie revendiquée par les tropicalistes) ne se voient pas. Nous avons toujours mis en avant le principe de visualité du ciel astrologique, ce qui le distingue du ciel astronomique qui est plus mathématique (nœuds de la lune par exemple, équinoxes et solstices etc.), et plus télescopique (Uranus, Neptune, Cérès, Chiron etc.). Lire ici l'article de Jacques Halbronn….)

Remarquons au passage que l'utilisation des Nœuds lunaires, bien entendu invisibles, est incontournable en astrologie indienne, puisqu'ils font partie du Navagraha (les neuf planètes) qui comportent le premier septénaire et les deux Chaya Grahas (planètes d’ombre), c'est-à-dire Rahu et Kétu. Quoiqu'il en soit ces références à la tradition, ou encore aux Hindous sidéralistes sont étrangement toujours porteuses de ce complexe d'infériorité face aux anciens, arabes, chinois, hindous, mayas ou autres…. (lire également à ce sujet Uranus en action).

Maintenant, si l'astrologie doit être visuelle et que l'Inde reste une référence incontournable, qu'en est-il du fameux Makar Sankranti, c’est-à-dire de l'entrée du Soleil dans le Capricorne, une fête majeure dans tout le sous-continent indien? Je m'explique : pour les Hindous l'entrée du Soleil en Capricorne, associée au solstice d’hiver, représente le début de la partie lumineuse et donc propice de l'année. Après s'être perdu dans les ténèbres du sud pendant 6 mois, le Soleil fait demi-tour pour se diriger vers le nord. La nuit des dieux s’achève et le jour des dieux commence. Cette transition du sud au nord s’associe à une très ancienne tradition à la fois astrologique et religieuse, comme en témoigne le récit de la mort de Bhisma, un des principaux héros du Mahâbhârata.

Bhisma, le fils du roi Shantanu et de la Déesse du Gange, instruit par Brihaspati (Jupiter) lui-même et élève de Parashurama (la sixième incarnation de Vishnou), était célèbre pour sa sagesse, sa maîtrise de la politique et son art de la guerre. Tout au cours de son existence héroïque, il resta invaincu. C'est cependant sa mort qui nous intéresse. Bhisma avait obtenu des dieux la grâce de mourir quand il le déciderait. Suite à de nombreuses péripéties, il finit par se faire (volontairement) cribler de flèches sur le champ de bataille du Kurukshetra. Mais voilà, il refusa de mourir car le moment n'était pas propice. Il attendit pour se faire le Makar Sankranti….

Au fait maintenant : puisque les Hindous utilisent le Zodiaque sidéral, dû à la précession des équinoxes le Makar Sankranti se fête le 14 janvier (en comptant les 23° à 24° d'ayanamsa qui mesurent la différence entre le Zodiaque tropique (celui des signes) et le Zodiaque sidéral (celui des constellations).
Astronomiquement parlant, on sait que le Soleil devient stationnaire, puis repart vers le nord 3 semaines auparavant, c'est-à-dire lors du solstice d'hiver. La moitié lumineuse de l'année, propice au cheminement des âmes, est fondée sur le mouvement solaire, parfaitement visible pour tout observateur. Ainsi, dans cet exemple particulier, ce sont les Hindous qui sont en décalage visuel, puisque l'on voit le Soleil s'arrêter dans sa course et changer de direction le 21 décembre et non le 14 janvier.

Pour ma part j'ai vécu et pratiqué l'astrologie en Inde pendant plus de dix ans. J'y ai parfois fréquenté des jyotishis avec lesquels j'eus des débats passionnés. Je me souviens d'une interprétation conjointe réalisée dans le jardin des 7 Rishis à Ujjain, accolé au temple de Mahakaleshwar. Il s'agissait d'un jeune homme qui inquiétait sa famille parce qu'il fréquentait trop les maisons closes! J'avais cette fois là parlé de Pluton, d'autant que le consultant avait la Lune en Scorpion… D'un autre coté, cet astrologue qui m'écouta avec intérêt disserta brillamment à propos de Rahu et de Kétu….

(1) Je penche cependant pour une explication géométrique liée à la distribution des maîtrises du premier septénaire et aux significations des aspects majeurs.

CENTILOQUE

CLIQUEZ SUR LE LIEN pour une version entièrement retravaillée du CENTILOQUE, un ouvrage publié en 1993 aux Editions Dervy


Extrait :


1- N°5 : caractère et destinée.


« L’astrologie dévoile les relations intimes qu’entretient le caractère avec la destinée. La destinée d’un individu est l’expression de son caractère ».


Le mot caractère nous vient du grec « kharaktêr », qui signifie un signe gravé. Il signifie également ce qui est propre à une chose, son expression personnelle, son originalité. Par extension, le caractère définit l’ensemble des traits psychiques propres à un individu.


Le caractère se rapporte à la fois à l’expression originale d’un individu et à son thème astral, le signe gravé dans les cieux, qui nous représente et nous définit.


Le caractère est au départ cette infime portion de nos êtres, qui échappe au grand nivellement imposé par l’hérédité et par l’environnement de naissance (racial, familial, social et culturel). Il est ce qui nous rend unique. Au travers de ce petit germe de liberté, la nature développe en nous, patiemment, l'espritla sagesse, le pouvoir et l’amour.


Le terme de destinée est aussi riche en enseignements : il est à la racine du mot destination qui signifie le rôle, l’usage.


Le concept de destinée implique une fonction à remplir. Le caractère actualise la destinée, c’est-à-dire le rôle que nous avons à jouer dans cette existence, un rôle qui n’est pas imposé: on continue à confondre astrologie et fatalisme, on fait d’elle le chantre du c’était écrit, comme si sa fonction se bornait à décrire une destinée transformée en fatum, en une fatalité inéluctable à laquelle nul ne pourrait échapper. C’est tout à fait le contraire, puisque l’astrologie n’a de sens que si elle nous permet d’agir sur la destinée.