lundi, juillet 21, 2008

La naissance de Mercure

Cette magnifique pleine Lune en Capricorne (le 18/07 à 26°04), conjointe à Jupiter, nous a offert quelques nuits éblouissantes, pas tout à fait achevées d'ailleurs. Peut-être a-t-on pu, grâce à l'été et aux vacances, se promener dans le silence de la nuit, loin des bruits et des lumières de la ville, et ressentir un peu de cette bénédiction qui semblait parfois sourdre du ciel.
La Lune n'est pas au mieux dans ce signe qui appartient à Saturne, mais la présence de Jupiter adoucit une position un peu froide et ambitieuse. Astrologiquement, c'est toujours une belle rencontre, propice dans un thème de naissance, associée à la fertilité, au mariage, à l'imagination et à la beauté, à l'honnêteté, à la justice, à la jovialité et à la compassion et à d'autres traits sympathiques.

Dans la mythologie hindoue, tous les astres, même la Lune et Vénus (qui restent cependant des principes féminins en astrologie), sont masculins! Là où il y a trop d'hommes, les rivalités amoureuses sont nombreuses et c'est ce qui se passa entre Jupiter, le gourou des Dieux, et la Lune. Cette édifiante histoire nous parle de Vénus, des dieux et des démons, et surtout de Mercure puisqu'il s'agit de sa naissance.

Le Dieu-Lune, arrogant, d'un éclat radieux, qui avait conquis les trois mondes (le ciel, la terre et les mondes souterrains) restait cependant le disciple de Jupiter. Celui-ci était marié à Tara, un nom qui signifie « l'étoile », Celle qui aide, Celle qui sauve (qui joue un rôle important dans le tantrisme tant hindou que bouddhiste, mais ne nous égarons pas). Il est possible qu'il s'agisse d'Aldébaran, ou encore de Vikeshi Taraka «à la chevelure d'étoile», c'est-à-dire d'une comète.
Toujours est-il que le Dieu-Lune, pantelant de désir, tomba amoureux de Tara, l'épouse de son gourou! Si on raconta par la suite qu'il l'enleva et la viola, on dit aussi que Tara n’était pas innocente, que la beauté de la Lune ne la laissait pas indifférente.

Comme on le sait depuis la nuit des temps, les circonstances aiment à se faire complices des désirs illégitimes : Jupiter fut forcer de s'éloigner un moment de chez lui et les deux amants en profitèrent pour s’enfuir. Quelques jours plus tard, de retour chez lui, le mari trompé trouva une maison abandonnée. Il apprit très vite où se trouvait son épouse et demanda à la Lune de la lui rendre, mais celui-ci refusa, prétextant qu’elle était avec lui de son plein gré et qu’il était loin d'en être lassé! Et là, bien sûr, les choses tournent mal. Jupiter en appelle à Indra, le roi des dieux, une figure 100% jupitérienne, qui déclare aussitôt la guerre à la Lune. Apprenant cela, les asuras, (les cousins des dieux que nous appellerons démons, même s'ils ne sont pas si démoniaques que ça) prennent le parti de la Lune, à cause de Shukra. Shukra est en fait Vénus, l'astre du désir chez les hindous, le gourou des démons et l'ennemi de Jupiter!

On notera au passage que Shukra signifie sperme! voici la raison mythologique de cette singulière étymologie: après de nombreuses péripéties (qui menèrent à une des multiples guerres entre les dieux et leurs cousins), il advint que le grand Dieu Shiva, avala Vénus! En quête d'une sortie le gourou des démons explora longtemps le corps de l'Être suprême où il aperçut des univers prodigieux où coexistent des millions de monde. Enfin, après des siècles d'errance, il émergea du corps cosmique en passant par le pénis divin : ainsi Shukra est-il dit, signifie blanc mais aussi sperme. On notera encore, puisque tout est signifiant dans cette très riche mythologie, que Shukra était le seul parmi les dieux à connaître le merveilleux secret du Sanjivini mantra, l'incantation magique qui permet de rendre la vie aux trépassés.

Après un certain temps, une issue de guerre incertaine et une intervention diplomatique de Brahmâ, la Lune rend Tara à son époux, mais la belle étoile est enceinte de ses œuvres! Furieux Jupiter adresse alors ces dures paroles à l'infidèle :
- Femme sans volonté! expulse de ton ventre qui est mon champ à labourer, cette graine plantée par un autre! je brûle de te réduire à l'état de cendres et si je ne le fais pas, c'est que j'ai moi-même très envie d'introduire ma propre semence en toi! (1)
Honteuse, Tara accouche sur le champ d'un garçon brillant comme de l'or en fusion. Devant sa beauté radieuse, tant la Lune que Jupiter désirent en reconnaitre la paternité. On demande alors à Tara qui en est le vrai père, mais embarrassée elle n’ose guère répondre. Son fils lui-même, qui vient à peine de naître, la réprimande durement pour ses écarts de conduite et la somme de dire la vérité. Tara avoue alors que le père de l'enfant, qui est la planète Mercure, est bien la Lune.

Lorsqu'on lui conte cette histoire, Vikramaditya, le roi d'Ujaïn célèbre pour son extrême sagesse, a ce commentaire:
- Comme c’est étonnant ! Tous les astres reconnus comme bénéfiques, à savoir la Lune, Mercure, Jupiter et Vénus montrent ici leurs faiblesses. La Lune fornique avec l'épouse de son gourou, un péché si grave qu'on ne peut s'en purifier qu'en se coupant les organes génitaux et en marchant vers le nord jusqu'à ce que mort s’en suive! Le Dieu-Lune cependant choisit la guerre, et se fait aider par Vénus et par les démons, les ennemis mortels des dieux dont il fait lui-même partie! Vénus, qui devrait réprimander la Lune pour cette mauvaise conduite lui accorde son support militaire, poussée par sa haine pour son ennemi Jupiter! Jupiter de son coté demande à sa femme d'avorter, mais il est si impressionné par l'éclat et l’intelligence de l’enfant qu’il change d'avis et n’hésite pas à mentir, aveuglé par le désir d'être le père d'un si beau garçon. Enfin Mercure lui-même n’est pas sans reproche, car on ne parle pas avec colère à sa mère, d’autant que sans la légèreté de sa conduite, il ne serait jamais né!!


(1) Traduit de la version anglaise du Shani Mahatmya (The greatness of Saturn) de Robert E. Svoboda (Rupa paperback, New Delhi)

CENTILOQUE

CLIQUEZ SUR LE LIEN pour une version entièrement retravaillée du CENTILOQUE, un ouvrage publié en 1993 aux Editions Dervy


Extrait :


1- N°5 : caractère et destinée.


« L’astrologie dévoile les relations intimes qu’entretient le caractère avec la destinée. La destinée d’un individu est l’expression de son caractère ».


Le mot caractère nous vient du grec « kharaktêr », qui signifie un signe gravé. Il signifie également ce qui est propre à une chose, son expression personnelle, son originalité. Par extension, le caractère définit l’ensemble des traits psychiques propres à un individu.


Le caractère se rapporte à la fois à l’expression originale d’un individu et à son thème astral, le signe gravé dans les cieux, qui nous représente et nous définit.


Le caractère est au départ cette infime portion de nos êtres, qui échappe au grand nivellement imposé par l’hérédité et par l’environnement de naissance (racial, familial, social et culturel). Il est ce qui nous rend unique. Au travers de ce petit germe de liberté, la nature développe en nous, patiemment, l'espritla sagesse, le pouvoir et l’amour.


Le terme de destinée est aussi riche en enseignements : il est à la racine du mot destination qui signifie le rôle, l’usage.


Le concept de destinée implique une fonction à remplir. Le caractère actualise la destinée, c’est-à-dire le rôle que nous avons à jouer dans cette existence, un rôle qui n’est pas imposé: on continue à confondre astrologie et fatalisme, on fait d’elle le chantre du c’était écrit, comme si sa fonction se bornait à décrire une destinée transformée en fatum, en une fatalité inéluctable à laquelle nul ne pourrait échapper. C’est tout à fait le contraire, puisque l’astrologie n’a de sens que si elle nous permet d’agir sur la destinée.