Après 300 heures – environ 12 jours, d’humiliations, de coups et d’insultes infligés par deux complices, Jean Pormanove, né Raphaël Graven est mort en direct sur une plateforme de streaming. Des millions de gens ont commenté ce drame, l’une des questions récurrentes étant jusqu’à quel point était-il réellement volontaire ? L’effroyable engrenage duquel il n’a pu s’extraire qu’en y laissant la vie, met en exergue de nombreux points cruciaux, tant personnels que collectifs : le libre arbitre et ses limites, le sadisme et le voyeurisme assumés, la bassesse morale et l’indifférence cruelle de notre société.
Comment se demande-t-on, avons-nous pu en arriver là ? A moins que nous ayons toujours été ainsi ? Comme souvent, l’astrologie s’avère une aide précise au décryptage de nos comportements.
LE THEME (1) : la programmation
L’ascendantRaphaël Graven (Jean Pormanove)
Le 26 janvier 1979 à 05H35 AM (HL)
Woippy (57) France
Source heure : Didier Geslain
Examinons directement le centre du thème (1), qui s’avère ici être l’ascendant, lequel représente le moi, ainsi que le comportement. Si le Sagittaire révèle un désir de justice et de droiture, ou encore d’expansion philosophique, il implique également une double nature. Souvent celle-ci se combat intérieurement : le moi tend à se juger lui-même en rapport à ses désirs ou à ses pulsions qu’il peine à accepter, s’ils vont à l’encontre de ses conditionnements.
Nocive parce qu’au carré de Saturne et des noeuds lunaires, la conjonction Vénus-Neptune au lever livre clairement les motivations psychoaffectives :
- Puissante association de l’amour (Vénus) à la souffrance (Neptune).
- Le désir tout aussi puissant d’être aimé (Vénus) et la crainte de ne pas l’être se traduisent en culpabilité et en sacrifice (Neptune).
- Très vulnérable affectivement, le moi est prêt à tout pour appartenir à un groupe, une famille, une communauté.
- La porosité psychique (Neptune), qui définit mal les limites de la personnalité, le rend très influençable à l’air du temps (Neptune), générant une grande facilité à être manipulé par ses émotions (Vénus)
- La tendance à s’illusionner (Neptune) sur ses propres motivations est soulignée : il est facile de se mentir à soi-même, de se convaincre que l’on choisit de vivre ce que l’on vit.
- Les souffrances cachées et les trahisons renforcent la négativité du comportement.
- Plaisir équivoque provoqué par l’apitoiement sur soi, les larmes et la tristesse.
« Si Mars ou Pluton s’en mêlent (ce qui est le cas), de possibles brutalités ou violences domestiques, parfois tues ou encore justifiées sont subies. Lié à l’empathie et à la contagion émotionnelle, le syndrome de Stockholm appartient à cette affliction » (2) : ici les violences domestiques (il est dans une chambre, couché sur un lit) sont filmées et diffusées sur les réseaux sociaux (Neptune) et la victime appelle ses tourmenteurs petits frères.
Jupiter et Saturne
Saturne en carré à Vénus et Neptune, est un fait aggravant, empêchant les côtés positifs de la conjonction (amour sincère, créativité artistique, capacité au bien, gentillesse innée) de se déployer.
Le désir absolu d’être aimé (Vénus au lever) se heurte à des absences, des déceptions sentimentales avec en toile de fond la sensation douloureuse de se sentir séparé. Saturne (la séparation) interdit la communion (Neptune). Sa maîtrise sur une Lune difficile en Capricorne, en ce qu’elle peine à exprimer l’affectivité, intériorise les élans qui sont comme fauchés en pleine croissance. Le carré de Saturne à l'Ascendant est la marque de craintes et d'angoisses qui ne l'ont jamais quitté.
Le parallèle exact (0°01’ d’orbe !) de Saturne à Pluton au Milieu du Ciel met en scène un combat entre les interdits (Saturne) et les transgressions (Pluton), sur fond de voyeurisme pervers dans le cadre des réseaux sociaux (Neptune).
Au parallèle et au sesquicarré (135°) de Vénus (0°07’ d’orbe) et au sesquicarré de Neptune (0°49’ d’orbe), Jupiter en tant que maître de l’ascendant (le comportement) amplifie toutes les problématiques de la conjonction. La sentimentalité est à son comble et l'on fait confiance à n'importe qui pourvu que l'on soit caressé dans le sens du poil.
L'opposition de Jupiter à Mars et au Soleil indique la colère et l’agressivité dirigées contre lui-même (l’ascendant), ce qui explique en partie ce volontariat masochiste.
Mars et Pluton
Mars, on vient de le voir, symbolise dans son opposition à Jupiter une puissante colère. La conjonction de Mars au Soleil en trace l’origine au père (3) et met en question sa virilité, ce qui explique le masculisme ambiant sous-jacent au spectacle : la témérité remplace le vrai courage puisqu'il faut se prouver que l'on n'a pas peur en jouant les dur-à-cuire. Mars renvoie également à sa période militaire, où même dans ce contexte il était considéré comme excessivement gentil.
Également au parallèle et au demi-carré de Vénus, Mars indique un caractère qui n’est pas dénué de passion ni de sensualité, mais lourdement empêché par Saturne dans ses expressions.
Pluton est non seulement très lié à Saturne, mais il trône au Milieu du Ciel, ce lieu qui indique la fonction sociale : ici, il s’agissait depuis 6 ans d’incarner la victime (Neptune) d’un jeu pervers (Pluton). Ca n’était évidemment pas dépourvu de calculs, à preuve le carré de Pluton à Mercure en maison II, celle de l’argent, indiquant une certaine part de cynisme, de ruse de l’intelligence au service de l’intérêt personnel.
Les nœuds lunaires
Comme souvent, les nœuds lunaires jouent un rôle majeur dans ce type d’évènement public rassemblant de très nombreux témoins.
Le nœud nord (Rahu) est conjoint à Saturne, en carré exact (0°41’ d’orbe) à Vénus et à Neptune (01°23 d'orbe) : l’avidité et l’attachement (Rahu) au succès et à l’argent, sont extrêmement marqués. La vie est orientée vers ce besoin absolu d’appartenir (Neptune), quitte à souffrir et à se sacrifier publiquement. La fondation de cette orientation reste l’insatisfaction (Rahu) chronique qu’il cherche absolument à combler.
La voie de sortie manquée
Tout ce qui précède n’était pas inéluctable : présentes dans le thème, d'excellentes voies de sortie auraient pu lui apporter une existence très différente.
- Uranus en XII au sextile de Rahu (le noeud nord, les expériences) et au trigone de Ketu (le nœud sud, la quête du sens), marque la possibilité d’investigations intérieures riches de sens, voire de transmutation, puisque nous sommes dans le signe alchimique du Scorpion.
- Le parallèle Uranus-Lune va en ce sens, montrant une façon de penser originale et indépendante, qui aurait pu prévaloir sur les tendances neptuniennes négatives.
- Mercure au sextile d’Uranus confirme ces possibilités, l’intelligence étant loin d’être absente.
Il fallait ainsi appliquer l'intelligence uranienne à la conjonction Vénus-Neptune : « La souffrance n’est jamais causée par l’amour, mais par l’insécurité, l’anxiété, la jalousie, l’attachement et ainsi de suite, c’est-à-dire par des expressions de la sentimentalité (...). Afin d’opérer une vraie transformation, cette compréhension doit illuminer les profondeurs de l’esprit car la pensée se heurte à des millénaires de conditionnements littéraires, mythologiques et religieux. Le Christ (neptunien archétypal) souffre par amour (...). La prise de conscience ne libère pas toujours, mais l’on sait au moins d’où vient le mal et l’on n’accuse plus les autres, ni l’amour (...) ».
Seulement voilà, Mercure est affaibli par un sesquicarré à Saturne (propension aux mauvais choix), ceux-ci étant évidemment dominés par les émotions (Mercure parallèle à Neptune) dans un contexte Neptune-Vénus au lever. Raphaël Graven n’était pas condamné, mais il n’a pas su emprunter le bon sentier.
THEME (2) : le déclenchement
La mort en direct Décès de Raphaël Graven dans la nuit
du 17 au 18 août 2025 à Contes (06) France
calculé pour 01H10 AM (voir note 5)
Les transits du moment du décès confirment la fatalité : opposée à la conjonction Vénus-Neptune et au carré des nœuds lunaires de naissance la Lune en Gémeaux (5) joue le rôle de déclencheur.
Les nœuds lunaires sont alors en inversion exacte (0°16’ d’orbe !). Ils renvoient à un témoignage public puissant, ce qui est l’une de leurs particularités comme on le voit par le biais des attentats où ils sont impliqués par exemple. Sa mort est ainsi vue en direct puis commentée dans le monde entier. Nous avons de nouveau la démonstration de liens mesurables des nœuds lunaires avec les évènements concrets.
La mécanique tragique liée à la conjonction Soleil-Mars opposée à Jupiter est activée par Mars à 06°54 de la Balance qui transite sur le lieu de son éclipse solaire prénatale (08°36’ de la Balance), ce qui nous renvoie aux nœuds lunaires, lesquels sont inséparables des éclipses.
Saturne et Neptune sont au carré de la Lune natale en capricorne, expliquant d’une part la défaite de l’organisme et marquant surtout la solitude émotionnelle et la détresse psychologique vécue ces derniers mois. La Lune progressée quant à elle est à 21°05 de la Vierge, soit sur le Rahu natal à 18°16R de ce signe et au carré de la triple conjonction Vénus-Neptune-ASC, ce qui sied à une mort vécue devant un public (la Lune).
L'autodestruction
Pluton transite sur le Mars natal, soulignant puissamment la tendance autodestructrice causée par la haine de soi et la tentative désespérée de vaincre la peur. L'esprit et le corps sont transformés en champ de bataille. Le Soleil (l'idéal) également transité par Pluton apparaît corrompu, sa lumière assombrie : le danger encouru par le souffle de vie (le Soleil) est alors bien réel. Pluton enfin transite en opposition à Jupiter, le maître de l'ASC (le corps), transformant ce danger en réalité.
On note que les trois principes vitaux du thème, les deux luminaires et l'ascendant sont sévèrement affligés par ces transits : la Lune par Saturne et Neptune, le Soleil et Jupiter (maître de l'ASC) par Pluton.
D’autres éléments allant en ce sens – menaçant l'intégrité du corps et de l'esprit, sont à noter : Mars progressé opposé au Saturne natal; le Soleil progressé sur Ketu – le noeud sud, surnommé celui qui ôte; Mercure progressé à 08°24 du Bélier en opposition exacte à l’éclipse solaire prénatale (déjà transitée par Mars) et au carré de la Lune natale (désordre de la pensée, choix fatal) ; Jupiter et Vénus en Cancer en maison VIII (maisons égales) transitant au carré de Pluton culminant au natal : mort pendant une émission de « divertissement » (Jupiter-Vénus), face à un public sadique (Pluton).
LE SENS
Raphaël Graven apparaît comme une victime sacrificielle : Neptune, symbole du sacrifice, marque puissamment le thème. Sa quête d’amour inconditionnel (Vénus-Neptune au lever) s’est muée en une toxicité extrême, nourrie par des traumatismes anciens et des violences subies au passé et au présent.Mus par l’avidité matérielle et un goût certain de la perversion, ses tourmenteurs, jouent un rôle criminel, même si l’on ne peut nier qu’il est lui-même candidat au suicide. Toute la société est cependant mise ici sur le banc des accusés, même si la majorité d’entre nous – fort heureusement – n’a pas participé à ce spectacle dégradant, ignorant même qu’il existait. Cela reste notre société, notre civilisation. Cela reste l’humanité dont nous faisons – parfois l’on se dit malheureusement – partie.
Un miroir nous est tendu : il y a peu les bûchers et les pendaisons étaient des spectacles prisés. L’on s’en étonne parfois, mais vu cette histoire l’on se dit que si cela recommençait les lieux d’exécutions seraient noirs de monde. Aujourd’hui l’on consomme humiliations et cruautés sur des plateformes de streaming ou des émissions télévisées. Avons-nous vraiment évolué ? Une société qui détruit sa planète, massacre les animaux par milliards, assiste passivement à des guerres où des civils, femmes et enfants compris sont bombardés sans relâche est-elle réellement civilisée ?
A moins que nous ne soyons, comme Raphaël Graven : en colère contre nous-mêmes, assoiffés d’amour et désespéré de ne pas l’être, pétris de mensonges et d’illusions, cyniques et calculateurs, à la fois victimes et bourreaux ?
Pourquoi, comme lui, ne choisissons-nous pas les chemins de transformation, de la révolution intérieure qui sont toujours possibles ? Pourquoi, ce suicide collectif ? regardons-nous en face, observons-nous, sans jugement, sans condamnation mais dans la liberté de l’intelligence. Peut-être n’est-il pas encore trop tard pour réagir et nous sortir de cette société toxique que nous avons créée.
(1) L’astrologie et la mécanique de la pensée – Interpréter à partir du centre
(2) Ibid. : Vénus-Neptune en aspect dissonant
(3) Je n'ai pas trouvé d'informations sur le père
(4) L’astrologie et la mécanique de la pensée –Neptune en aspect dissonant
(5) L’heure exacte du décès n'est pas connue. Sachant qu’il a eu lieu dans la nuit du 17 au 18 août, j’ai choisi arbitrairement le moment où la Lune est au lever, en opposition à la conjonction natale Vénus-Neptune et au carré exact des nœuds lunaires de naissance. Ces aspects sont justes même si le moment exact diffère sans doute un peu.
Photo Raphaël Graven : Nasdas Live, CC BY 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=173234489