Je suppose (j’espère) que nombre d’entre nous ont été choqués par le dernier rapport du WWF (1), parlant de la disparition de 58% des vertébrés en une quarantaine d’années, révélant non pour la première fois que l’humanité agit comme un véritable virus détruisant toutes les autres espèces vivantes à une vitesse alarmante et sciant ainsi la branche sur laquelle elle est assise. Pourquoi se demande-t-on, notre soi-disant intelligence, mère de nos cultures diverses et variées, de notre sophistication artistique, philosophique et technologique a-t-elle engendré un comportement aussi destructeur?
Les réponses à cette question sont sujettes à débat, mais deux faits fondamentaux sont à comprendre. Le premier est que nous sommes le monde et que le monde c’est nous. Le second est que pour changer le monde, la conscience humaine doit se transformer : se changer soi-même c’est changer le monde. Car si nos modes de vies n’ont cessé d’évoluer, nos esprits restent entièrement captifs de la peur, de l’envie, de l’indifférence et forcément de l’intérêt personnel et c’est ainsi que nous détruisons la merveilleuse planète qui nous a vu naître. Dans ce cadre qui nous concerne tous, l’astrologie à la fois si ancienne et si moderne, capable de proposer un modèle cohérent des relations entre le psychisme et la matière (2), doit contribuer à changer le monde par le biais de la transformation des consciences. C’est même là, peut-être, son rôle principal.
Un thème astral, n’importe lequel d’entre eux, est une véritable merveille, une architecture sublime, porteuse de tous les secrets du moi. Les structures les plus profondes de l’esprit, celui-ci comprenant les sensations, les émotions, la réflexion et leurs inter-actions y sont inscrites. Un thème est une identité cosmique révélée, un lien évident, clair, transparent qui nous unit à un univers qui cesse ainsi d’être indifférent. Cette indifférence, qui est avant tout la notre, est peut-être notre pire ennemie, puisque nous ne réagissons plus, comme si nous étions anesthésiés, si habitués que nous sommes aux plus sombres nouvelles.
L’indifférence est à l’opposé de la passion et de l’amour. Les aspects de Mars et de Vénus, amplifiés ou restreints par Jupiter et Saturne, indiquent souvent le degré de passion d’un être, de la fougue ardente à la passivité apathique. Cependant, même lorsqu’elle semble se manifester, son expression reste soumise à l’intelligence. C’est pourquoi si nous nous « passionnons » pour la mode, notre smartphone, la dernière série américaine et bien entendu le sexe et le pouvoir, très peu d’entre nous injectent la même énergie dans l’exploration du moi. A ce propos Krishnamurti avait coutume de demander pourquoi nous semblons incapables de mettre dans la libération de la peur, autant d’énergie que nous en mettons dans la recherche du plaisir?
Ces lignes de raisonnement nous amènent à penser qu’une astrologie intelligente et moderne se doit d’être spirituellement orientée, cela signifiant qu’elle doit participer au changement profond de la conscience, seule façon de nous sauver. Or changer la conscience nécessite l’examen approfondi de la substance de la peur (3), de l’envie et du désir. La colère, la brutalité, l’indifférence, la poursuite du plaisir sont à explorer en profondeur, de même que les mécanismes complexes de la pensée brouillés par les motivations profondes et les mobiles secrets. Changer la conscience nécessite également l’approche subtile des opérations psychologiquement destructrices, que nous performons quotidiennement, telles que la comparaison ou le jugement, appliqué aux autres ou à soi-même…
Ces explorations, ces examens minutieux, ces plongées dans les secrets de nos consciences, s’inscrivent dans la géométrie céleste par le biais de Pluton (de l’intérêt personnel né de la crainte de l’anéantissement, à la régénération), de Neptune (de la soumission aux influences collectives, à l’empathie positive capable d’influencer la société), d’Uranus (de l’autoritarisme et de la radicalité mentale, à l’éveil à la liberté par la perception directe de la vérité), de Saturne (de la frilosité et de la résistance à la rugosité du réel, à la patience et à la sérénité), de Jupiter (du contentement aveugle du privilégié, à l’expansion de la conscience et à la compassion), de Mars (de l’agressivité brutale et guerrière au service et à l’esprit chevaleresque), de Vénus (du plaisir égoïste et de la sentimentalité, à la beauté et à l’amour), de Mercure (de la survie par la ruse sournoise à l’intelligence libératrice), de la Lune (du poids étouffant des mémoires et de la quête de la sécurité, à la fécondité de l’esprit libéré du passé) et du Soleil (de l’éblouissement arrogant du moi à la noblesse du héros). On ajoutera à cette liste les noeuds lunaires (de l’attachement au moi, à la spiritualité qui s’en détache) ainsi que l’ascendant, qui représente ce moi et son comportement, qui décide de la façon dont nous usons, ou pas, des promesses de notre thème.
Ainsi conçue l’étude et l'interprétation d’un thème astral, c’est-à-dire de l’identité cosmique de l’individu concerné, initiera ce dernier à la vraie révolution dont nous ne pouvons faire l’économie. Cela crève les yeux : à quoi bon s’enrichir, à quoi bon faire des enfants, à quoi bon survivre même, sur une planète désenchantée, dépouillée de sa magie, privée d’amour et de beauté?
(1) «
Alarmant par son rythme, le déclin de la biodiversité du globe menace la survie des autres espèces et de notre propre avenir. La dernière édition du Rapport Planète Vivante rappelle à la fois la gravité de la situation et les solutions à portée de main pour commencer à y remédier. L’Indice Planète vivante révèle que les populations mondiales de poissons, d’oiseaux, de mammifères, d’amphibiens et de reptiles ont régressé de 58 % entre 1970 et 2012. Or, à moins d’entamer dès maintenant la réforme de nos systèmes alimentaire et énergétique et d’accomplir les engagements globaux pris pour lutter contre le changement climatique, protéger la biodiversité et soutenir le développement durable, ce pourcentage aura franchi le seuil des deux tiers rien qu’en l’espace du demi-siècle 1970-2020. »
(Rapport planète vivante 2016)
(2) «
L’astrologie participe pleinement à une conception philosophique et spirituelle des énigmes de l’existence. Loin d’être absurdes ou accidentelles, la vie et la destinée s’imbriquent dans la trame d’un univers où la présence et la géométrie mouvante des astres se révèlent aussi essentielles au psychisme que la matière de nos cellules ou que l’air que nous respirons. Nous savons que la Lune, de par son rôle avéré concernant la stabilité, le climat et la biologie terrestre s’est montrée essentielle à l’apparition de formes de vie complexes. Est-ce aller trop loin que de se demander si, de la même façon, le psychisme tel que nous le connaissons, serait apparu en l’absence de l’architecture astrale du système solaire ? Cette hypothèse expliquerait l’ensemble des phénomènes astrologiques, car dans ce cas le ciel intérieur serait une réalité aussi tangible que symbolique, les astres et leurs déplacements participant à la genèse et à la continuité du psychisme ».
L’astrologie et la mécanique de la pensée
(3) Voir
Initiation à la guerre intérieure