Entrée dans les Poissons où elle s’exalte, c’est-à-dire où elle a capacité à transformer la sentimentalité en amour, Vénus se conjoint à Ketu, le noeud lunaire sud, jusqu’au 15 janvier et à Neptune jusqu’au 21 janvier.
Je ne sais si l’on peut rêver d’une meilleure combinaison pour aimer, dans le sens de permettre au moi pensant de « s’anéantir » (1) dans la vastitude lumineuse du coeur. Lorsqu’il est compris, Ketu, qui accompagne Neptune jusqu’à la mi-février (lire
Le temps de Neptune et de Ketu), sait incarner le portail magique du détachement : non pas du détachement indifférent qui n’est qu’une défense contre la peur de la souffrance, mais celui associé à la liberté et à la sérénité. Il s’oppose ainsi à l’attachement, origine de tant de peines car provoquant l’anxiété, la colère et l’insatisfaction que symbolise Rahu, le noeud lunaire nord, dont la fonction est de nous soumettre aux multiples expériences de l’existence, soient-elles jouissives ou douloureuses, afin que nous apprenions.
Cela ne signifie en rien que ces prochains jours, l’exaltation de l’amour nous soit offerte sur un plateau : l’amour est une grâce qui emplit l’âme, lorsque la liberté et la paix du coeur sont conquises par le guerrier intérieur.
Par le biais de cette triple conjonction, ces conquêtes sont rendues plus accessibles, ne serait-ce que parce que les circonstances nous y exposent plus qu’à l’accoutumée. Nos armes ici sont l’intelligence et la subtilité, car il nous faut avancer sans assertion du moi et dans la non-action, c’est-à-dire sans efforts, car ceux-ci appartiennent à la volonté. Il nous faut comprendre avec toutes les fibres de notre être que de même qu’une authentique spiritualité, l’amour ne se révèle que lorsque le moi, égoïste, effrayé, contracté, insatisfait et confronté à ses craintes et à ses ignorances, se fait minuscule et peut-être même un peu silencieux.
Au cours de ce processus on n’oublie pas que les noeuds lunaires sont événementiels, car associés à la matérialisation de la pensée. Les tendances psychologiques dont nous parlons ci-dessous se manifestent facilement en expériences tangibles, bien souvent capables d’influencer la destinée.
Vénus et Ketu (jusqu’au 15 janvier)
Passant le portail de Ketu, Vénus nous mène à la
venia, « le cadeau gratuit des dieux » : la déité (un terme à comprendre en dehors de toute identité culturelle ou conditionnée) se range de notre coté si nous la séduisons en menant nos vies dans la bonne direction. Attention, il ne s’agit pas d’échange commercial, nous ne parlons pas de bons points attribués pour notre moralité ou notre bonne conduite ! La magie du monde se laisse séduire par la légèreté, les sourires, le laisser aller, la confiance aveugle dans la brise céleste qui nous pousse où elle le doit. Elle se laisse séduire par les regards d’enfants qui continuent à briller jusqu’à la vieillesse elle-même, croyant que tout est possible, non par des raisonnements sèchement analytiques, mais par un ressenti inexplicable du sacré.
La leçon de Vénus et de Ketu passe par le non-attachement. Vénus est indissolublement liée au plaisir, à la sensualité, à toutes les sensations agréables autour desquelles nos pensées tournent inlassablement, à défaut de trouver un sens profond à la vie, ce processus nourrissant l’attachement et la peur. L’on profitera de cette période pour méditer sur la façon dont la recherche du plaisir s’infiltre partout où nous cherchons inconsciemment à être récompensés, même dans le cadre de la poursuite spirituelle.
Il ne s’agit certes pas de renoncer au plaisir, lequel est vital pour le corps, le coeur et l’esprit, mais de comprendre pourquoi nos pensées s’en emparent puis ne cessent de le remâcher ou de l’anticiper, nous éloignant ainsi de l’instant présent tout en alimentant la peur de perdre ce que l’on a ainsi que celle de ne pas obtenir ce que l’on veut. Ainsi, par le biais de Ketu, Vénus peut-elle nous mener à la joie, plus vaste et plus riche que le plaisir, mais impossible à provoquer par la pensée.
Attention, Ketu reste le noeud lunaire de la compulsion : comme déjà expliqué, c’est d’une conquête qu’il s’agit. La manque de vigilance provoquera les travers vénusiens, c’est-à-dire la recherche compulsive du plaisir avec les aléas de peines et de souffrances que ces comportements génèrent.
Vénus et Neptune (jusqu’au 21 janvier)
Et si, dans l’intimité de nos poitrines agrandies par le détachement, Vénus passe avec succès le portail de Ketu, la
venia prend alors le nom de Neptune (2) : la beauté de la vie (Vénus), que nous portons en nous, s’unissant naturellement aux espaces riches et mystérieux de l’au-delà de la pensée, par le biais d’une empathie totale (Neptune), nous permettant peut-être, ne serait-ce qu’un instant, de toucher du doigt cette promesse que nous recherchons toutes et tous, consciemment parfois mais le plus souvent inconsciemment, qui est celle de la dissolution du moi, seule façon d’emplir le monde et d’être empli par lui simultanément (3).
Cependant, également lié aux mensonges, à la propagande et à la désinformation, Neptune, digérant mal Vénus et Ketu, risque d’en faire tomber plus d’un dans la recherche compulsive de l’union responsable de nombreux maux, qui ne concernent pas que les couples mal assortis, car la souffrance de se sentir séparé nourrit l’humanité d’illusions et d’identifications, mécanismes menant entre autres au racisme, au nationalisme (forme exacerbée du tribalisme), aux idéologies destructrices ou aux guerres de religions.
Le piège a pour nom sentimentalité, c’est-à-dire un attachement aux sensations émotives qui n’a pas grand chose à voir avec l’amour. Si l’on n’y prend garde, Ketu incompris, c’est-à-dire compulsif, déclenche la négativité de la conjonction Vénus/Neptune qui associe l’amour (Vénus) à la souffrance (Neptune), par le biais de la jalousie, des mensonges, des dissimulations et de la trahison.
Cette triple conjonction Ketu/Vénus/Neptune reste bien entendu une excellente promesse, capable de se matérialiser chez celles et ceux capables d’explorer les profondeurs de leur être, non pas dans la quête d’un plaisir égoïste, mais dans le but naturel, quoique non prémédité, de côtoyer les sommets de la destinée humaine par le biais de l’ouverture du coeur, une des voies d'accès au nectar d'immortalité.
Mars et Neptune (jusqu’au 13 janvier)
Mars quant à lui, quoique prenant ses distances d’avec Ketu (4), reste conjoint à Neptune jusqu’au 13 janvier. L’astre de l’énergie et de l’action joue ainsi son rôle dans ce qui précède, car ou bien les deux astres se combattent et l’environnement (Neptune) souffre sous les menaces agressives de Mars, ou, par le biais de la réflexion, de la compréhension et de la compassion, Mars se transmute en héros au service de la collectivité (Neptune).
Et pour le reste ....
Les configurations, aussi spéciales soient-elles, ne sont jamais isolées. Au contraire, de même que dans un thème natal, elles participent toujours à une structure cohérente, c’est-à-dire chargée de sens et de finalité. C’est une chance qu’en ce moment Jupiter, Saturne et Uranus offrent des possibilités d’expansion de la conscience, de structuration et de révolution, comme expliqué dans
2017, année de contradictions), soutenant ainsi Mars dans sa capacité à servir plutôt qu’a agresser et pavant ainsi la voie pour Vénus dans son parcours initiatique de Ketu à Neptune ….
Citons Pluton pour terminer, lequel visité par le Soleil jusqu’au 19 janvier, alors qu’Uranus et Jupiter lui adressent un long carré, tend favoriser le matérialisme dans la recherche des sensations intenses et donc du plaisir dont il a été question. Sous son égide le moi tend à s’épaissir, favorisant les comportements dominateurs.
Mais l’énergie de Pluton, l’alchimiste capable de transmuter la matière, peut également, comme celle de Mars, être utilisée pour servir la collectivité. Ici se situe le libre-arbitre, qui comme souvent répété dans ce blog existe bien, quoiqu’il ne soit pas offert sur un plateau mais doive être conquis, de même que le détachement et la paix du coeur dont il fut question dans l’introduction.
(1) Une pensée pour la mystique Marguerite Porète, brûlée vive par l’inquisition du XIIIe siècle, qui écrivit « Le Miroir des âmes simples anéanties et qui seulement demeurent en vouloir et désir d'amour ». Marguerite Porète appartint au courant du Libre-esprit, libre dans le sens de vacant pour recevoir la divinité, qui professait que l’amour compte avant toute chose, tant dans la quête spirituelle que dans les relations charnelles.
(2) «
Malgré son nom de dieu romain masculin, Neptune est entièrement féminin dans sa nature (réceptive, passive, enveloppante, fusionnelle), ses comportements (sinueux, souples, conciliants, diplomatiques) et ses orientations (artistiques, émotionnelles, mystiques). (…) Les références mythologiques ont leurs limites : en sus des riches analogies qui les associent, les astres possèdent bien plus de significations et de profondeurs que les anciens dieux auxquels ils donnèrent naissance dans de nombreux cas et non l’inverse. La Vénus spiritualisée par exemple, en relation avec la venia des Romains, la Lakshmi hindoue ou « la grâce de Dieu » des Chrétiens n’a pas grand-chose à voir avec la perfide Aphrodite, pas plus que Mars le guerrier intérieur capable d’affronter ses peurs, ne ressemble au lourdaud Arès ».
L’astrologie et la mécanique de la pensée (Les fondations de la pensée, Neptune)
(3) Telle est la quête universelle neptunienne : ne cherchons-nous pas chacun à son niveau, selon ses goûts, ses talents et sa culture, cette dissolution dans l’alcool ou la toxicomanie, dans la foule surexcitée des concerts ou des évènements sportifs, dans la musique, la littérature, la danse, le sexe, le sport, le cinéma, les séries télévisées, les jeux vidéos, ou encore dans le jeûne, la prière, la méditation et les austérités?