Le relief montagneux qui offre comme ici la chance extraordinaire d’une absence de pollution lumineuse, empêcha Mercure de se présenter au darshan, ce qu’il fit sans doute sous d’autres cieux. Isaac Newton, qui n’était pas étranger à l’astrologie ne l’entrevit jamais paraît-il, à cause du ciel anglais trop brumeux au ras de l'horizon. Peut-être s’agit-il d’une légende, qui sait, sinon ce lui fut sans doute un déchirement. L’érudit Volguine quant à lui, ignorait qu’on put l’apercevoir !! (2).
Contempler et observer la voûte céleste dans la solitude, le soir, au cœur de la nuit ou dans le silence qui précède l’aube est ce qui permet de susciter et de nourrir une intimité nécessaire et particulière avec elle : il ne s’agit plus de jongler avec les symboles et les analogies, de connecter brillamment la géométrie astrale et les personnalités, ou de commenter les destinées du monde et des individus à partir de schémas ronds ou carrés selon les écoles ou les époques, mais de communier étroitement avec la matière du ciel.
Il s’agit d’éveiller la magie première, à peine dormante, qui fit lever les yeux et la tête des premiers hominidés et participa peut-être au redressement de leurs colonnes vertébrales, tout autant en tout cas que leur migration de la forêt à la savane, comme le supposent les actuelles théories anthropologiques. D’ailleurs à propos de forêt, imagine-t-on un amoureux des arbres et des plantes se contentant de les étudier sur son ordinateur?
Certes le temps des Ptolémée, des Varahamihira, des Khayyam et des Kepler est passé, le divorce entre astrologue et astronome est entièrement consommé et l’urbanisation, l’éclairage nocturne omniprésent et la vie moderne dans son ensemble ne favorisent pas la contemplation des cieux. Mais il est plus que dommage que la majorité des astrologues contemporains, amateurs ou professionnels soient étranger à la réalité du ciel (3). C’est une chose de savoir que Saturne est revenu dans le Sagittaire depuis le 18 septembre, et c’en est une autre que de contempler sa danse avec « le Cœur du Scorpion » depuis le printemps dernier (4).
L’astrologie, qui n’est pas une branche de la psychologie, qui n’est ni un échafaudage intellectuel ni une croyance, mais qui est née d’un cadre céleste visible par tous ne réclame-t-elle pas une vraie familiarité avec le cosmos, ce qui est bien plus qu’une approche sommaire ou même approfondie de ses mécanismes? En d’autres termes, lorsque les astres ne sont plus que des symboles, parlent-ils encore au cœur de l’astrologue ?
Astrologiquement, cela nous ramène à Uranus et à Neptune :
- Dans le cadre de l’interprétation, Uranus représente la perception directe de la vérité, c’est-à-dire l’intuition qui permet d’aller au-delà des raisonnements analytiques pour que les analogies créatrices de sens se révèlent à la conscience. Cette faculté qui n’est pas uniquement cérébrale, nécessite l’inspiration qui définit ce moment mystérieux où soudain tout s’éclaire.
- Le mystère de l’inspiration est représenté par Neptune, l’astre de l’empathie, qui au-delà de la faculté de ressentir les émotions des autres, figure la sensation profonde de ne pas être séparé, d’appartenir à l’univers, de n’en être qu’une cellule capable de communier avec le tout. En bref ce qui manque cruellement à notre modernité.
Neptune intervient trop souvent négativement dans la sphère astrologique, où il est encore malheureusement question de foi, de croyances, d’illusions et bien entendu de charlatanisme. Sa fonction pourtant indispensable, qui est de permettre la communion réelle avec les merveilles célestes, observables et pour tout dire magiques, s’amenuise et tend à disparaître … Quand à Uranus, lié à la psychologie, à l’occultisme, à l’étonnante faculté d’explorer les labyrinthes du moi, sa modernité et son arrogance tendent trop souvent à écarter l’intelligence émotionnelle (neptunienne), sans laquelle l’être humain n’est que la moitié (ou bien moins?) de ce qu’il devrait être.
(1) Actuellement tous les trois dans la Vierge, Vénus rattrapera Jupiter le 25 octobre, puis Mars le 3 novembre.
(2) « Nul ne doute que les éphémérides de Mercure (différant des nôtres de quelques minutes seulement), découvertes en Mésopotamie, étaient établies par les Chaldéens à la suite d'observations à l’œil nu. Or j'ai demandé à 4 astronomes s'ils voyaient Mercure à l’œil nu; tous les quatre se sont étonnés, comme si je leur demandais une chose impossible et m'ont répondu négativement. » L’astrologie chez les Mayas et les Aztèques , Éditions des cahiers astrologiques, p 88.
(3) J’ai déjà abordé ce sujet dans ce billet : La poésie des étoiles
(4) On l’a vu au printemps se conjoindre à Graffias, situé dans la tête du Scorpion et s'approcher à 5° d’Antarès (Le Cœur du Scorpion) avant sa rétrogradation. A nouveau direct depuis début août, il rejoindra Antarès vers la mi-décembre.