Le Scorpion donc, ce signe profond, terriblement intense, inséparable de nos pires craintes (la mort) et des sensations qui nous en éloignent le plus (la sexualité): voici que dans la trame riche de sens de cette géométrie céleste toujours en mouvement, le Soleil roi, celui-là même autour duquel tout tourne depuis la nuit des temps y fait son entrée. Et nous en avons parlé ici, Mercure est également présent. Lui qui figure la structure de l’intellect, qui nous humanise par le biais du langage, de la logique et de la faculté d’adaptation.
Beaucoup ont remarqué au fil des jours, spécialement depuis le tout début septembre, que la rencontre de Rahu et Saturne se rapporte à des faits souvent tangibles mais aussi à des sensations inexplicables. Que le temps psychologique lui semble lié. Le passé remonte à la surface de la conscience. Des mémoires enfouies se manifestent. Des connaissances reprennent contact après des années de silence. Il y a aussi des évènements, pas toujours sympathiques, le plus souvent liés à notre relationnel familial ou social qui testent notre patience, notre sérénité ou notre détermination. Il y a l’insatisfaction générale qui règne, sans compter les frustrations, même lorsque les désirs sont réalisés. La tension est constante.
Pour ne rien arranger, Mercure, rétrograde, est particulièrement troublé : le Messager des dieux (qui sont les astres dans le ciel disait Aristote) , peine à remplir son rôle. Tous les types de communications souffrent de blocages, d’obstructions, de retards, de connexions déficientes. Et lorsque l’on y regarde de plus près, on réalise que c’est souvent de notre faute. Nous péchons par inattention aux signes avant-coureurs, aux avertissements, aux conseils, entrainant de mauvais choix et décisions, de possibles actes stupides ou inadéquats, avec leurs répercussions négatives. Tout ceci perturbant le quotidien. Rappelons que les perturbations Mercure/Saturne ne se terminent vraiment que début décembre.
Voilà pour la toile de fond qui se poursuivra au moins jusqu’à la pleine Lune du 17 novembre, mais possiblement aussi jusqu’à l’entrée du Soleil en Sagittaire (le 22 novembre) : c’est que la nouvelle Lune du Scorpion (le 3 novembre), doublée d’une éclipse de Soleil, a lieu entre Rahu (à 3°51’ de distance et parfaitement conjoint à Mercure) et Saturne (à 2°37’).
Elle est appelée à faire tâche d’huile sur toute cette période et cela même rétroactivement !! (1).
Pas de doute que le Soleil Scorpion éclaire les idéaux et dynamise la volonté de réalisation de soi. Quoi de plus normal lorsqu’il traverse le signe de la transmutation, là où l’on doit se libérer de la peur ? Mais rien n’est simple lorsque sur son chemin se dressent les forces sombres de Rahu et de Saturne.
Lors des éclipses, tout à fait symboliquement, mais touchant aux strates les plus souterraines de nos consciences, lié aux attachements et à la puissance des sensations, le démon Rahu (qui avec Ketu représente les forces chaotiques présentes au cœur de l’ordre cosmique), avale les luminaires et l’obscurité se fait. Cette fugace ténèbres est importante. Elle laisse des traces : les orientations, les idées, les actions se figent. Des karmas, des destinées se dessinent, s’enrichissent ou se corrompent peut-être, se cristallisent certainement, prennent une forme qu’il sera difficile de changer avant longtemps, d’autant que Saturne, celui qui fait durer, qui grave les actes et les pensées sur le mur du temps, est de la partie. Certes, idéalement son rôle est de purifier, mais encore faut-il être capable de l’orienter dans cette direction quand Mercure et Rahu multiplient les risques de mauvais choix sont multipliés. Un Rahu qui s’associe au secret, aux mensonges du destin : même ses cadeaux sont souvent empoisonnés.
Il est toujours question du libre arbitre, du moins en astrologie savante et c’est dans ces situations particulières qu’il prend toute sa signification. Comment prend-on sa destinée en main ? Comment « maîtrisons-nous » les astres ? Il est souvent question de Ketu (le Nœud sud) et des karmas d’éventuelles vies antérieures qui donneraient forme à nos existences actuelles. On réalise moins combien Rahu, l’attachement, le désir inextinguible des expériences, représente le karma que nous créons en ce moment même, ici même, alors que nous traversons ces périodes tourmentées. Prudence, vigilance et attention sont nécessaires, car pour beaucoup d’entre nous la destinée s’écrit en ce moment. Nous ne devons surtout pas oublier que nous sommes aux commandes : nous suivons une route de montagne sinueuse, étroite, parfois mal entretenue, nous côtoyons falaises et précipices, notre véhicule n’est pas toujours une Ferrari non plus, mais nous sommes au volant et si nous sommes alertes, éveillés, l’esprit affûté, le cœur et les yeux grands ouverts, nous arriverons sans encombre à destination.
Mercure et Saturne perturbent les humeurs, les choix et les décisions.
Plus que jamais la vigilance, l’attention sans faille, l’exploration de soi sont nécessaires. Une possible absence de choix est conseillée, en attendant que les choses se calment. Sinon on tente de comprendre qu’un esprit limpide n’a jamais le choix, il sait exactement ce qu’il doit faire.
Le danger est réel, car c’est dans ces périodes que l’on ensemence les champs de la destinée.
Malgré ces obstacles, le Soleil porte la lumière dans les ténèbres, pourvu qu’on ait envie de l’accompagner de sa volonté. Il dispose de quelques alliés, entre autres Pluton et Mars, les deux maîtres du Scorpion, au trigone l’un de l’autre lors de l’éclipse et tous deux à son sextile, ainsi qu’à celui de Saturne. Pluton en Capricorne (chez Saturne) poursuit un travail de libération de la peur ce qui est son rôle primordial. Mars en Vierge aide à l’émergence du guerrier intérieur prêt à affronter ses craintes avec bravoure.
On voit aussi que Rahu entame un long trigone à Neptune dans les Poissons, jusqu’à la fin mars 2014, associant empathie et spiritualité aux évènements, ou aux leçons que nous pouvons en tirer.
Uranus enfin, au quinconce de l’éclipse, montre bien que le temps est aux changements, que ceux-ci peuvent s’avérer brusque et radicaux.
Ainsi, malgré les incertitudes et les forces en présence, on dira, à la manière du Livre des Transformations : Grand est le temps du Scorpion !
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